Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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jeudi 20 décembre 2018

Promulgation par le Président des Etats-Unis de la loi sur le « génocide des chrétiens » au Proche-Orient

Washington (Agence Fides) – 

Le Président Donald J. Trump a signé hier l’Iraq and Syria Genocide Relief and Accountability Act of 2018, loi qui qualifie de génocide la série de crimes perpétrés au cours de ces dernières années par des groupes djihadistes à l’encontre de chrétiens et de yézidis en Irak et en Syrie, engageant l’administration à fournir une assistance humanitaire à des groupes de victimes des violences et à poursuivre les responsables et les exécuteurs matériels des faits.
 Lors de la cérémonie de la signature, étaient notamment présents l’Archevêque chaldéen d’Erbil, S.Exc. Mgr Bashar Warda, le Chevalier suprême des Chevaliers de Colomb, Carl Anderson, l’Ambassadeur des Etats-Unis près le Saint-Siège, Callista Gingrich, et S.Exc. Mgr Timothy Broglio, Ordinaire militaire pour les Etats-Unis d’Amérique.
La loi lance une assistance financière américaine destinée à des projets humanitaires, de stabilisation et de reconstruction en faveur des minorités religieuses en Irak et en Syrie. L’assistance peut être mise en œuvre au travers d’instruments et d’organisme dépendant directement de l’administration fédérale ou par l’intermédiaire d’autres organisations, y compris de nature ecclésiale et religieuse.
Le document permet en outre au Département d’Etat de conduire des enquêtes pénales et de procéder à l’arrestation d’individus identifiés comme membres présumés de groupes djihadistes afin de punir ou de prévenir des actes de violence à l’encontre des minorités religieuses
Le Président américain en personne, après avoir signé la nouvelle loi, a confirmé l’engagement de l’administration américaine à mettre en œuvre également les procédures engageant les organes ad hoc à poursuivre les responsables des crimes.
La Chambre des Représentants avait, le 27 septembre dernier, approuvé à l’unanimité le projet de loi HR 390
Précédemment le même texte avait reçu le soutien unanime du Sénat.
La signature de la loi de la part du Président Trump est le résultat de l’activité de pressions déjà conduites sous l’administration Obama par des organisations américaines telles que les Cavaliers de Colomb, le cartel In Defense of Christians, le Family Research Council, la Commission pour l’éthique et la liberté religieuse de la Convention des Baptistes du Sud, l’initiative Wilberforce du XXI° siècle, le Centre pour la liberté religieuse de l’Institut Hudson.

A l’occasion de la signature, des moyens de communication américains ont retransmis les paroles référées au représentant Chris Smith par l’Archevêque chaldéen d’Erbil, S.Exc. Mgr Bashar Warda, selon lequel « les chrétiens en Irak sont encore au bord de l’extinction et la HR 390 est vitale pour notre survie. Son application doit être complète et rapide sans quoi l’aide qu’elle prévoit arrivera trop tard pour nous ».
La Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), organisme fédéral indépendant et politiquement transversal institué par le Congrès, a fait les éloges du Président Trump qui a finalement promulgué la loi.
 « Dans ce projet de loi, nous lançons également le message selon lequel les responsables de ces crimes, y compris le génocide, n’échapperont pas à la justice » a affirmé le Vice-président de l’USCIRF, Kristina Arriaga.

L’acte législatif permettant aux groupes motivés par la foi religieuse de recevoir des aides financières de la part des Etats-Unis modifie en partie la précédente politique du Département d’Etat et de l’Agence américaine pour le Développement international, qui utilisaient principalement les Nations unies en vue de la distribution de fonds dont les canaux étaient considérés comme neutres du point de vue religieux.
Le 25 octobre 2017, le Vice-président américain, Michael Pence, avait annoncé ce changement dans les procédures utilisées par la politique américaine en matière de financements destinées aux urgences humanitaires (voir Fides 27/11/2017). « ».
 « Nous ne nous remettrons plus seulement aux Nations unies pour aider les chrétiens persécutés et les minorités » avait déclaré Michael Pence, indiquant que les agences fédérales « travailleront aux côtés des groupes de foi et des organisations privées pour aider ceux qui sont persécutés à cause de leur foi ».
Précédemment, le Patriarche de Babylone des Chaldéens, S.B. Louis Raphaël I Sako, non encore créé Cardinal, avait fait remarquer que « au cours de ces dernières années, au Proche-Orient, les chrétiens ont enduré des injustices, des violences et le terrorisme. Cependant, cela a été le cas aussi pour leurs frères irakiens musulmans et pour ceux d’autres fois religieuses. Il ne faut pas séparer les chrétiens des autres parce que de cette manière, la mentalité sectaire est alimentée ». (GV) (Agence Fides 12/12/2018)


Iraq and Syria Genocide Relief and Accountability Act of 2017
This bill directs the Department of State to provide assistance to entities taking specified criminal and judicial actions against individuals who are suspected of committing genocide, crimes against humanity, or war crimes in Iraq since January 2014 or in Syria since March 2011.
The State Department shall encourage foreign governments to identify and prosecute individuals who are suspected of committing such crimes, including members of foreign terrorist organizations operating in Iraq or Syria.
The Department of Justice shall review existing criminal statutes concerning genocide, crimes against humanity, and war crimes to determine:
  • the extent to which U.S. courts have jurisdiction over such crimes where the perpetrators or victims are U.S. nationals, residents, or persons present in a U.S. territory;
  • current statutes that would apply to such conduct and whether additional statutory authorities are necessary; and
  • the extent to which the absence of criminal statutes defining the crimes or granting jurisdiction impede their prosecution in U.S. courts.
The State Department shall identify:
  • threats of persecution, genocide, crimes against humanity, and war crimes against members of Iraqi or Syrian religious or ethnic groups that are minorities in Iraq or in Syria with respect to whom the Islamic State of Iraq and Syria (ISIS) has committed such crimes in Iraq or Syria since January 2014, or who are members of other persecuted religious or ethnic groups;
  • humanitarian, stabilization, and recovery needs of these individuals; and
  • assistance provided by the United States, the U.N., and other entities, including faith-based entities.
Aliens who are, or were, a national and a resident of Iraq or Syria, and who share common characteristics that identify them as targets of persecution on account of membership in a religious or ethnic minority in that country: (1) are deemed to be of special humanitarian concern to the United States; and (2) shall be eligible for priority-2 processing under the refugee resettlement priority system.

The Foreign Operations, Export Financing, and Related Programs Appropriations Act, 1990 is amended to extend: (1) refugee set-asides for nationals of the former Soviet Union, Estonia, Latvia, or Lithuania; and (2) the period of eligibility for status adjustment from a parolee who was denied refugee status to a lawfully admitted permanent resident for certain aliens from the former Soviet Union, Estonia, Latvia, Lithuania, Vietnam, Laos, or Cambodia.

vendredi 13 juillet 2018

TERRE SAINTE - Vers la disparition des baptisés de la ville natale de Jésus selon le Curé Rami Asakrieh OFM

 
 
 

 
Bethléem (Agence Fides) – Dans la ville natale de Jésus, le nombre des baptisés diminue de manière impressionnante et ce alors que se multiplient dans le monde entier les groupes qui collectent des offrandes en utilisant le nom de Bethléem sans ensuite faire parvenir aucune aide aux chrétiens de Terre Sainte. Tel est le cri d’alarme lancé par le Père Rami Asakrieh OFM, de la Custodie de Terre Sainte, Curé à Bethléem de la Paroisse Sainte Catherine, près le Sanctuaire de la Nativité. « Ma propre Paroisse – indique le prêtre à l’Agence Fides – fait face à de graves problèmes. Le nombre des familles catholiques à Bethléem se réduit. Maintenant, notre Paroisse compte seulement 1.479 familles palestiniennes. Les chrétiens constituent 17% de la population de la ville alors que par le passé, ils étaient 90% de cette même population ». La diminution vertigineuse de la présence chrétienne à Bethléem – ajoute le Curé – est liée surtout à l’exode des jeunes chrétiens qui émigrent en direction d’autres pays. Nous tentons – indique le religieux – pour notre part de freiner l’émigration en cherchant à fournir une aide à de nombreuses situations de besoin ». Cependant l’actuelle situation politique et économique de la ville, entourée par les colonies israéliennes, voit se multiplier le cas de fidèles « au chômage, déprimés et noyés sous les dettes ». A tout cela – indique encore le franciscain – s’ajoute le fait que « nombreuses sont les organisations qui demandent des ressources financières au nom de Bethléem mais aucun de nos paroissiens ne reçoit un centime provenant de ces organisations ». (GV) (Agence Fides 06/07/2018)

vendredi 15 juin 2018

Emmanuel Macron a rencontré l’archevêque de Mossoul

Emmanuel Macron a rencontré l’archevêque de Mossoul

Le Président s’est entretenu aujourd’hui avec Mgr Petros Mouche, archevêque syriaque catholique de Mossoul, sur l’avenir des chrétiens d’Orient et de l’Irak. Un thème qu’il abordera dans sa visite du 26 juin au pape François.

La rencontre n’était pas inscrite à l’agenda officiel. Elle a même été organisée à la dernière minute. Vendredi 15 juin, vers 9h, Emmanuel Macron a rencontré l’archevêque de Mossoul et de Qaraqosh, Yohanna Petros Mouche, dans son bureau.
« C’était une rencontre intime, pas du tout formelle »a confié à La Vie l’évêque syriaque, à l’issue de ce rendez-vous. Cet entretien n’est pas dû au hasard : il s’inscrit dans la préparation de la rencontre entre le Président et le pape François au Vatican, le 26 juin prochain. Car parmi les dossiers que le chef de l’État compte aborder avec le souverain pontife, celui du destin des chrétiens d’Orient trône au-dessus de la pile. Même si, depuis le printemps 2017 et la défaite de Daech dans la région, la population a pu peu à peu rentrer dans les villages, la situation dans la zone n’est pas encore totalement stabilisée.
Durant les vingt minutes d’entretien, Mgr Petros Mouche a d’abord rappelé au locataire de l’Élysée les liens historiques qui unissent la France et les chrétiens d’Orient, puis a remercié tous les Français qui ont contribué, au sein de la coalition internationale, à la libération de la plaine de Ninive et de Mossoul. Le Président s’est montré très à l’écoute. Il a même pris son temps. Le directeur de cabinet de Matignon et le chef d’État major, qui devaient ensuite voir Emmanuel Macron, ont dû patienter dans l’antichambre.
À la fin de la rencontre, l’évêque irakien a invité le président français à venir en Irak pour admirer le monastère de Mar Behnam. Un lieu chargé de symboles et d’histoire pour les différentes communautés de la région. Situé dans un village sunnite, le mausolée – détruit par l’État islamique en mars 2015 puis rénové – abrite les reliques de saint Behnam, l’un des martyrs les plus importants de la chrétienté orientale. Musulmans et yézidis viennent aussi y prier.
En cadeau, l'archevêque de Mossoul a offert à Emmanuel Macron une page tirée d’un livret de messe retrouvé dans les ruines d'une église de la ville de Sinjar et que les islamistes n’avaient pas brûlée. Visiblement touché, Emmanuel Macron lui a demandé de lui lire ce qui y était écrit en arabe. Il s’agissait de la prière du Notre Père. Puis il a enbrassé Mgr Petros Mouche.
http://www.lavie.fr/actualite/politique/emmanuel-macron-a-rencontre-l-archeveque-de-mossoul-15-06-2018-90843_813.php

jeudi 14 juin 2018

Chrétiens d’Orient, défense ou présence ?


Pour le journaliste Luc Balbont, spécialiste du Moyen-Orient, la présence – et non la défense – des chrétiens, contribue à renforcer la diversité et la capacité de « vivre ensemble ». Cette diversité est la richesse de l’Orient arabe. La disparition des Églises orientales serait un malheur pour l’ensemble des populations et notamment pour les majorités musulmanes.
C’est le propos qu’il… défendra lors de sa prochaine conférence, le 18 juin 2018, 18h30, salle Garbis Manoukian, Église apostolique arménienne de Lyon, 40 rue d’Arménie, 69003 (métro D, station Garibaldi ou Saxe-Gambetta). Cet événement est organisé par Chrétiens de la Méditerranée, le réseau citoyen des acteurs de paix, en partenariat avec L’Œuvre d’Orient.
Luc Balbont vit depuis près de 20 ans entre la France et le Liban. Administrateur de Chrétiens de la Méditerranée, il collabore régulièrement avec L’Œuvre d’Orient (conférences, articles). Il publie également un blog : Rencontres orientales.
La conférence sera animée par Pascal Maguesyan, photographe et ancien journaliste, auteurs de nombreux ouvrages sur les chrétiens d’Orient. Chef de projet Mesopotamia Héritage, il rédige toutes les notices en français, participe au processus d’identification des sites explorer et accompagne la plupart des missions en Irak. Le projet Mesopotamia Héritage est notamment soutenu par la Fondation Saint-Irénée, laquelle organise une représentation du spectacle Hourra ! (flyer téléchargeable ici) le 27 juin prochain à Lyon, au profit du jumelage Lyon – Mossoul
http://www.chretiensdelamediterranee.com/chretiens-dorient-defense-ou-presence/

Luc Balbont est journaliste et spécialiste du Moyen-Orient. Arabisant, il vit depuis 1989 entre la France et le Liban, pays où réside sa famille. Membre du CA de Chrétiens de la Méditerranée, il collabore aussi à la revue de L'Œuvre d'Orient, et donne pour elle de nombreuses conférences. Il a reçu, en 2006, le prix « Reporter d’espoir » pour des reportages effectués en Égypte et en Palestine. Il est actuellement correspondant à Beyrouth pour le quotidien francophone algérien Liberté. Auteur de plusieurs livres, il a reçu le prix littéraire de L’Œuvre d’Orient en 2012, pour le livre écrit avec Joseph Alichoran : Jusqu’au bout (Nouvelle Cité), entretiens avec Mgr Casmoussa, alors archevêque syriaque catholique de Mossoul. Pour Luc Balbont, la présence - et non la défense - des chrétiens, contribue à renforcer la diversité et la capacité de "vivre ensemble". Cette diversité est la richesse de l'Orient arabe. La disparition des Églises orientales serait un malheur pour l'ensemble des populations et notamment pour les majorités musulmanes. Pascal Maguesyan est auteur de plusieurs livres sur les chrétiens d’Orient, Chrétiens d’Orient : ombres et lumières et de Sur le chemin de Guiragos. photographe et ancien journaliste. Pascal Maguesyan est chef de projet de Mesopotamia Héritage. Il rédige toutes les notices en français, participe au processus d’identification des sites à explorer et accompagne la plupart des missions de terrain en Irak. Né en 2005, le réseau Chrétiens de la Méditerranée se veut au service de l’information et la formation, du dialogue et des partenariats entre les chrétiens de l’espace méditerranéen. Œuvre d’Église, l’Œuvre d’Orient est au service des chrétiens d’Orient depuis plus de 160 ans. Elle donne aux prêtres et aux communautés religieuses les moyens d’accomplir leurs missions – au service de tous - éducation, santé, aide sociale et pastorale – dans 23 pays, principalement au Moyen-Orient

lundi 4 juin 2018

لقاءات لجامعة الروح القدس في فرنسا عن مسيحيي الشرق

نظّمت جامعة الروح القدس- الكسليك برعاية مجموعة الدراسات عن مسيحيي الشرق وبالتعاون مع بلدية الدائرة السادسة عشرة في باريس نشاطاً ثقافياً بعنوان "لقاءات جامعة الروح القدس- الكسليك في فرنسا: لبنان، فرنسا ومسيحيو الشرق".
وتخلل الجلسة الافتتاحية كلمات لكل من: النائب الفرنسي والرئيس المشارك لمجموعة الدراسات عن مسيحيي الشرق كلود غواسغوين، السفير اللبناني في باريس رامي عدوان، بالإضافة إلى محاضرة لرئيس جامعة الروح القدس- الكسليك الأب البروفسور جورج حبيقة بعنوان "الجامعة: التربية على التعددية"، وكلمة لنائب رئيس جامعة الروح القدس- الكسليك للشؤون الأكاديمية الدكتور جورج يحشوشي الذي تطرق إلى دور الجامعة الريادي.
ثم انعقدت طاولة مستديرة أولى قدّم فيها النائب غواسغوين مداخلة بعنوان "مسيحيو الشرق في وجه التحديات الجيوسياسية في الشرق الأدنى"، كما كانت مشاركة لكل من السفير السابق ومدير قسم العلوم السياسية والإدارية في جامعة الروح القدس- الكسليك ناصيف حتّي، المؤرخة والمتخصصة في شؤون الشرق الأوسط المعاصر بيرينيس خطار، السفير فرانسوا اكزافيه دونيو المعني بمتابعة المؤتمر الدولي الوزاري لحماية ضحايا أعمال العنف الإثنية والدينية في الشرق الأوسط.
 
أما الطاولة المستديرة الثانية فأدارها النائب الفرنسي والرئيس المشارك لمجموعة الدراسات عن مسيحيي الشرق غويندال رويار والتي تمحورت حول موضوع "مسيحيو لبنان وفرنسا: علاقات تاريخية وثقافية واقتصادية وتوقعات". وشارك فيها كل من: الأستاذ المحاضر في اللاهوت في جامعة ليل أنطوان فليفل، ممثلة فرنسا لدى مجلس إدارة التحالف الدولي لحماية التراث في مناطق الصراع باريزة خيياري، المدير العام للموارد المائية والكهربائية في لبنان فادي قمير.
 
واختتم المؤتمر بحفل عشاء أقيم للمناسبة في قاعة الاحتفالات في البلدية بحضور حشد من الشخصيات الفرنسية واللبنانية الدينية والأكاديمية والدبلوماسية.

jeudi 10 mai 2018

Une banque de données exceptionnelle sur la chrétienté orientale

Une banque de données exceptionnelle sur la chrétienté orientale



Grâce au Centre de recherches et de publications de l’Orient chrétien (CERPOC) de l’Université Saint-Joseph (USJ) de Beyrouth, plus de 4 000 documents sur le christianisme arabe, dans ses dimensions religieuses, culturelles, politiques et sociologiques ont été mis en ligne depuis plus d’un an.
Un fond d’une richesse exceptionnelle, accessible aux chercheurs, aux étudiants, aux experts mais également aux particuliers du monde entier, spécialistes ou amateurs éclairés disposent désormais d’un fond d’une richesse exceptionnelle. Une formidable banque de données qui repose sur cent quarante ans de savoir de l’université jésuite Saint Joseph, dont la réputation a dépassé depuis longtemps les frontières du Liban.
  • 35 000 livres,
  • 300 textes arabes médiévaux,
  • 1 200 dossiers contemporains sur la vie des églises orientales, et 4 000 copies de manuscrits arabes chrétiens, auxquels s’ajoutent les archives du P. Youakim Moubarac, disciple de l’orientaliste Louis Massignon, et l’appui sans faille de l’Université Saint-Joseph.
Cet outil exceptionnel contribuera à conserver la mémoire du christianisme oriental. Il permettra également de découvrir son évolution et son actualité dans la société d’aujourd’hui, montrant ainsi que sa pensée n’a rien de figée, mais qu’elle continue toujours à imprégner le siècle.
Luc Balbont
En savoir plus : http://cerpoc.blogs.usj.edu.lb
http://www.chretiensdelamediterranee.com/une-banque-de-donnees-exceptionnelle-sur-la-chretiente-orientale/

mercredi 18 avril 2018

« Les chrétiens du Moyen-Orient pourraient disparaître dans une dizaine d’années, même du Liban »

L’évêque syriaque-orthodoxe du Mont-Liban et de Tripoli, George Saliba, estime que « les chrétiens disparaîtront inévitablement du Moyen-Orient, même du Liban ». 

Georges Saliba, évêque syriaque-orthodoxe du Mont-Liban et de Tripoli, n’est pas optimiste concernant l’avenir des chrétiens du Moyen-Orient. « Si la situation reste telle qu’elle est actuellement, les chrétiens du Moyen-Orient disparaîtront dans une dizaine d’années, même du Liban », dit-il dans un entretien à L’Orient-Le Jour. 
Le prélat, pourtant, n’est pas un pessimiste. C’est un homme tenace qui a la force et la foi. Originaire de Syrie, appartenant à une communauté victime de massacres et de déplacements, il est plus conscient que d’autres de la fragilité des chrétiens du Moyen-Orient. « 70 % des chrétiens de Syrie ont quitté leur pays depuis le début de la guerre en 2011. Le pays comptait plus de deux millions de chrétiens, toutes communautés confondues. Ils habitaient principalement Alep, Damas, Wadi el-Nassara et Hassaka (région connue sous le mandat français par al-Jazira, et qui regroupait une kyrielle de minorités). 85 % des chrétiens d’Irak, qui étaient environ un million et demi en 2003 à la chute de Saddam Hussein, ne vivent plus dans leur pays. Leur exode s’est accéléré avec l’arrivée du groupe État islamique en 2014. Ils étaient originaires de Bagdad, de Mossoul, de la plaine de Ninive, de Zakho et de Dohuk », explique-t-il.
Ces chrétiens déplacés du Moyen-Orient se sont établis notamment au Canada, en Australie et en Europe dans des pays comme l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et la Belgique. « Les chrétiens qui ont quitté la région ne reviendront plus chez jamais dans leur pays natal. Ils se regrouperont auprès de leurs églises, et leurs enfants perdront petit à petit leur appartenance au Moyen-Orient. Il y a 1 400 ans, nous avions perdu l’usage de notre langue araméenne à cause des conquêtes musulmanes. Aujourd’hui, à cause du fondamentalisme musulman, nous finirons par perdre la langue arabe que nous avons maîtrisée à merveille », s’insurge Mgr Saliba, un érudit qui connaît par cœur des milliers de poèmes dans les langues araméenne et arabe. 
« Au Liban, de nombreux chrétiens de la communauté syriaque, qui compte actuellement 80 000 âmes, sont partis avec le début de la guerre civile en 1975. La plupart d’entre eux, des descendants des rescapés des massacres de Seifo en 1916 sous l’Empire ottoman, ne détenaient pas la nationalité libanaise. C’est l’une des raisons qui les a poussés à partir », poursuit-il. 


« L’avenir appartient à l’islam » 
Pour la majorité des chrétiens d’Orient, le Liban, avec son président maronite, son administration mixte, sa liberté de culte et son pluralisme, reste le pays idéal, dont ils rêvent en tant que refuge. 
« Le seul chef d’État libanais qui avait saisi l’importance du Liban pour les chrétiens d’Orient était Camille Chamoun. Il avait œuvré concrètement lors de son mandat (1952-1958) à faire du Liban un pays refuge pour tous les chrétiens d’Orient. Depuis, personne n’a vraiment été sensible au dossier des chrétiens de Turquie, de Palestine, de Syrie, d’Irak et de Jordanie », note-t-il. Camille Chamoun avait aidé de nombreux chrétiens de la région établis au Liban à avoir accès à la nationalité libanaise, sachant que cette nationalité ne s’acquiert pas par le droit du sol mais par le droit du sang. Mgr Saliba déclare en réponse à une question : « Il faut voir les choses en face, il est nécessaire que les dirigeants politiques chrétiens libanais se réveillent, estiment véritablement le danger et qu’ils agissent en conséquence. Mais vu la façon dont les choses se présentent, je ne suis pas du tout optimiste sur ce plan. »


« Les Syriaques (comme les Arméniens, les Assyriens et les Grecs de Constantinople) sont des descendants de rescapés de massacres. Oui, il nous reste de nombreuses églises en Turquie, que ce soit à Tour Abdine, à Diarbakir, à Ourfa ou à Mardine… Oui, elles sont belles et vieilles et témoignent de l’ancienne appartenance chrétienne de la région. Mais à quoi servent-elles si elles sont vides et fermées, s’il n’y a plus de paroissiens ? » martèle l’évêque syriaque-orthodoxe, avant de poursuivre : « Ils disent que la superficie du Liban est de 10 452 km². À quoi servira-t-elle si ce pays se vide de ses chrétiens ? » 
Pour Mgr Saliba, un homme ouvert et tolérant et dont la porte est ouverte à tous, « l’avenir appartient à l’islam ». « Regardez ce qui se passe actuellement en Europe. L’Occident est athée, avec les changements démographiques et le déplacement des populations qui s’opèrent aujourd’hui, il finira par s’islamiser. Cette islamisation ne touchera pas uniquement le Moyen-Orient d’où les chrétiens auront disparu, mais toute l’Europe qui deviendra non seulement athée mais musulmane aussi », souligne-t-il en conclusion.


16/04/2018


https://www.lorientlejour.com/article/1110721/-a-quoi-servent-les-eglises-si-elles-sont-vides-et-fermees-.html

lundi 26 février 2018

Lille métropole : Chrétiens d’Orient, une exposition exceptionnelle installée au MUba de Tourcoing

Culture - métropole de Lille. Chrétiens d'Orient, une exposition d'exception, est installée au MUba, Musée des Beaux-arts de Tourcoing (Nord) jusqu'au lundi 11 juin 2018.


https://actu.fr/hauts-de-france/tourcoing_59599/lille-metropole-chretiens-dorient-une-exposition-exceptionnelle-installee-muba-tourcoing_15669308.html

mercredi 21 février 2018

Gérer la situation des catholiques orientaux de France tout en évitant les confusions

20-2-2018
S’occuper des chrétiens d’Orient est une mission certainement délicate. Pour des raisons logiques liées à la présence de paroisses orientales sur le sol Français, l’Église de France s’est adaptée pour gérer cette situation. À l’exception des certaines communautés catholiques disposant d’une structure épiscopale spécifique – c’est le cas des arméniens catholiques, des maronites et des ukrainiens catholiques, qui disposent d’une éparchie -, les autres communautés sont placées sous la responsabilité de l’archevêque de Paris. Ce dernier est, en effet, l’ordinaire des catholiques des catholiques orientaux de France. Cette institution a été créée en 1954. Ainsi, Mgr Michel Aupetit a été nommé dans cette fonction en janvier 2018, juste dans le sillage de sa nomination comme archevêque de Paris. Il est assisté d’un vicaire général qui est, depuis 2014, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de L’Œuvre l’Orient. Ce dernier a été reconduit dans ses fonctions à la suite de la désignation du nouvel archevêque de Paris comme ordinaire des catholiques orientaux de France.

On ne peut que se réjouir de la présence de structures adaptées, pourvues par des personnes compétentes. En revanche, une difficulté est susceptible d’apparaître en raison d’un élément qui risque d’interférer dans la mission de l’intéressé : la qualité de directeur général de L’Œuvre d’Orient. Dans le passé, les vicaires généraux de l’ordinariat des catholiques orientaux de France n’étaient pas simultanément directeurs généraux de L’Œuvre d’Orient. Or la situation de Mgr Gollnisch est bien une première dans l’histoire de l’Église de France. Cette dernière a-t-elle fait le choix d’une « concentration » de tout ce qui a trait aux chrétiens d’Orient en France ?
L’ordinaire – donc, de fait, le vicaire général – est appelé à prendre des décisions sensibles pour la vie des catholiques de rite oriental. Ainsi, il nomme les curés des différentes paroisses catholiques orientales. En outre, comme l’indique le site de l’Église de Paris« l’Ordinariat est en relation étroite avec la Congrégation romaine pour les Églises Orientales, ainsi qu’avec les Patriarches des Églises catholiques orientales qui résident dans les pays du Proche et du Moyen Orient. » Le vicaire général est donc conduit à prendre des mesures concrètes qui affecteront la vie des catholiques orientaux de France. Certes, s’occuper d’une association en contact étroit avec les chrétiens d’Orient peut faciliter les choses (contacts, etc.), mais la médaille a aussi son revers.
L’Œuvre d’Orient est certainement une structure fortement liée au diocèse de Paris. Pour autant, elle n’est pas une structure canonique dont la mission est de gérer la vie des catholiques orientaux de France. À proprement parler, elle n’est pas un organe du diocèse de Paris qui aurait pour mission de s’occuper des catholiques orientaux de France. Elle reste, avant tout, une association visant à aider – dans le sens le plus large – les chrétiens d’Orient dans les différents pays où ils sont établis. Elle représente certainement le diocèse de Paris dans ce « volet » dédié aux chrétiens d’orient, mais elle n’a pas vocation à administrer la vie des catholiques orientaux de France. Le risque serait de confondre les deux aspects, alors qu’une saine clarification exigerait une distinction élémentaire. Adopter des actes s’inscrivant dans une juridiction canonique ne saurait être confondu avec la gestion d’une association.

Qui plus est, il existe d’autres associations susceptibles d’entrer en contact avec les paroisses catholiques orientales de France. Certaines ont un rôle plus discret, mais non moins réel. La qualité de directeur général de L’Œuvre d’Orient influencera-t-elle ces relations avec les autres associations ? La question est posée. Le soutien aux chrétiens d’Orient doit être aussi diversifié que possible tant les besoins sont exponentiels.

En tout état de cause, les conflits d’intérêts sont loin de se limiter à la politique ou à la sphère administrative. Ils concernent aussi la vie de l’Église. Aux chrétiens de s’interroger sur la portée de certaines pratiques. Voir d’en tirer les conséquences pour ne pas prêter le flanc à des critiques qui affectent la « société civile ».
https://www.riposte-catholique.fr/riposte-catholique-blog/eglise-en-france-riposte/gerer-la-situation-des-catholiques-orientaux-de-france-tout-en-evitant-les-confusions

jeudi 15 février 2018

La conquête de Jérusalem et les illusions perdues des catholiques français


La conquête de Jérusalem et les illusions perdues des catholiques français

L’IMPOSSIBLE RÉTABLISSEMENT DU ROYAUME LATIN

À la tête du Comité catholique de propagande française à l’étranger, le recteur de l’Institut catholique de Paris Alfred Baudrillart a été un héraut de la vision orientaliste de la France durant la première guerre mondiale. Mais après la prise de Jérusalem en décembre 1917, son rêve d’un Orient catholique et français a pris fin.

L’ORIENT IMAGINAIRE

L’Orient des écrits de Baudrillart s’insère pour ainsi dire dans son patrimoine génétique, héritage de son arrière-grand-père Sylvestre de Sacy. Pour ce dernier, l’Orient est le creuset des civilisations, le lieu des origines. Par là, ce qui s’y déroule occupe une place centrale. Outre le recours à l’imaginaire des Mille et une nuits, l’Orient — en particulier la Palestine — s’accompagne naturellement de l’évocation de l’imaginaire évangélique. Sa représentation d’un ancien Orient chrétien lui rappelle l’image idéale d’un Orient intouché, mis à mal par la modernité. Il regrette la disparition de la civilisation orientale brillante qu’il connaît par les livres et qui lui paraît merveilleuse. Cet Orient rêvé est aussi présent dans son esprit et dans ses écrits, exprimant alors une foi en un Orient chrétien encore vif.
Baudrillart est catholique et Français. À ce titre, sa vision de l’Orient révèle une approche très limitative : il est sans conteste sous l’influence de ses fréquentations de chrétiens orientaux, représentants des Églises unies, pour lesquels la France doit avoir une présence forte et constante au Levant. Baudrillart s’inscrit en plein dans une tradition décomplexée, favorisant ce qui peut renforcer la place du catholicisme et de la France dans cette région, et a contrario rejetant ce qui la met à mal. Il est impliqué dans la communautarisation de l’Orient, initiée par les Ottomans et renforcée par les Occidentaux dans le cadre de leurs politiques clientélistes respectives.
Le destin français de l’Orient suscite de sa part le recours régulier à l’imaginaire des croisades. Il s’exprime en ce sens devant un parterre qui partage pleinement ses vues, celui de l’Œuvre des écoles d’Orient, association d’aide aux chrétiens d’Orient dont la devise est « Dieu le veut ! »1. L’association avec l’esprit des croisades est encore plus évidente au moment de la première guerre mondiale, avec inscription dans une certaine norme affectant le discours politico-religieux du temps.
Ces affirmations s’accompagnent du rejet de ce qui est opposé à sa vision de l’Orient. Il honnit le protestantisme, synonyme de concurrence britannique, qu’il perçoit comme allié au judaïsme/sionisme, ou à l’orthodoxie. Il rejette également l’orthodoxie, et la Russie derrière elle. Catholique de son temps, il méprise le judaïsme (et déteste les juifs), et le sionisme, instrument de pénétration allemande, puis britannique. Dans la même logique, Baudrillart se méfie de l’islam, puis du nationalisme arabe, même si celui-ci peut recevoir les faveurs des autorités françaises au nom de la lutte anti-ottomane.
Au cours de la première guerre mondiale, l’Orient est le théâtre d’une véritable lutte de civilisations, orientale et occidentale, chrétienne et musulmane, observée par notre homme. Il écrit le 12 mars 1917 dans ses Carnets2 : « La journée s’ouvre par la nouvelle de la prise de Bagdad, nom féérique qui résonne à travers l’histoire et ajoute à l’étrange grandeur de cette guerre mondiale. » Le 31 mars 1917, au moment de la percée britannique sur le front de Gaza, il note que « toutes les grandes cités du monde ancien et moderne sont en jeu dans cette guerre. » Après une année 1917 difficile sur les théâtres d’opérations du front occidental, la prise de Jérusalem, au début décembre, lui apparaît comme un véritable « rayon de soleil »3.
Ce « choc de civilisations » est aussi l’occasion de conforter Baudrillart dans ses convictions. Le catholicisme, et la France avec lui (ou plutôt : la France, donc le catholicisme) doivent occuper au Proche-Orient la place prépondérante, au nom de la « civilisation ». Baudrillart pense un Orient simple, devant revenir à la France.

PLUS DE SEPT SIÈCLES DE DOMINATION MUSULMANE

S’engageant en faveur de la réalisation des souhaits français en Orient, il s’illustre de plusieurs manières. C’est d’abord son discours de la fin décembre 1917, donné en l’église parisienne de Saint-Julien-le-Pauvre, à la demande du ministère des affaires étrangères. Célébrant la toute récente prise de la Ville sainte, Baudrillart intitule son discours Jérusalem délivrée4.
Ce discours très attendu se veut l’incarnation de la rencontre entre l’Orient rêvé et la réalité géopolitique désirée, au moment où celle-ci doit pouvoir se réaliser, puisque Jérusalem est à nouveau aux mains de chrétiens, pour la première fois depuis 1187. Le lieu choisi pour cette cérémonie religieuse — mais aussi, et combien plus, politique — est éloquent : c’est la paroisse melkite de Paris, consécration du lien entre la France et l’Orient chrétien, lien séculaire qu’il convient alors de raviver.
Le discours est éloquent par la synthèse qu’il effectue de l’imaginaire politico-religieux français relatif au Proche-Orient de cette époque5« Jérusalem est chère au patriotisme français, parce que, depuis plus de mille ans, la France a couvert les Lieux saints de son amour et de sa protection. » De fait, cette cérémonie catholique et patriotique réconcilie deux France qui se sont violemment opposées quinze ans plus tôt, au plus fort de la crise anticléricale. Cette alliance plonge ses racines dans les plus anciens temps, et Baudrillart évoque les Francs, « nos ancêtres », avec une filiation : « dans le culte que nous portons aux Lieux saints, au sentiment religieux commence à se mêler un sentiment national. » Dans la lignée de Charlemagne, les croisés se mettent en branle pour sauver l’Europe :La croisade ! Idée française [..] comprise et exécutée surtout par des Français. [...] Si je cherche qui incarna l’idée et qui la réalisa le mieux, quatre noms m’apparaissent au-dessus de tous les autres : Urbain II, pape français, Godefroy de Bouillon, belge et lorrain, c’est-à-dire bien près d’être français, saint Bernard et saint Louis, tous deux français et quels Français !
Un âge d’or qui ne dure pas, et « Jérusalem était pour sept cent trente ans entre les mains des Infidèles. »
Dans cette période est développée l’idée de la protection des Lieux saints, avec un protectorat exercé par la France et renforcé par chaque capitulation, avec contribution de tous les régimes français. Ce qui pousse Baudrillart à un appel au retour de la France à la chrétienté :Envoyons d’ici l’hommage de notre gratitude au pape qui, malgré les fautes de la France, a toujours voulu voir en elle la nation apostolique. Sachons reconnaître une aussi constante fidélité par le retour de la nôtre ! Mettons fin à une situation déplorable qui nous isole dans le monde chrétien ! Que ceux qui, en prenant les rênes du pouvoir, ont affirmé la noble prétention d’unir tous les Français et de concentrer toutes les forces de notre pays, appliquent à cette idée leurs réflexions et leur patriotisme !

LA « MISSION CIVILISATRICE » DE LA FRANCE

Et de fait, la France dispose d’atouts sur place, cumulant l’exercice de la charité réelle et l’expansion de la civilisation française : « Ah ! qui dira ce que, par leurs œuvres de toutes sortes, par leurs écoles de tous degrés, ont fait là-bas nos religieux et nos religieuses (…) ? » Autant d’éléments à disposition pour faciliter une prise en main française :
Grâce à eux, les indigènes ont aimé la France et parlé sa langue ; ils ont souffert de nos malheurs et se sont réjouis de nos succès. Sainte armée de la France catholique qui parfois a suppléé aux défaillances momentanées de la France officielle !Cette situation fonde l’espoir de Baudrillart au moment de la conquête de Jérusalem, qui ferme une parenthèse et préfigure une ère nouvelle :Un général anglais, visiblement pénétré du souvenir de Godefroy de Bouillon, a fait son entrée à pied, sans apparat, modestement, chrétiennement, et a reçu la soumission de la grande ville. Auprès de lui se tenaient un général français et un italien.Avec eux et avec nous, Rome, la Jérusalem nouvelle, a manifesté sa joie et célébré la victoire de la Croix.Mais Baudrillart doit tempérer son enthousiasme : on ne peut savoir ce qu’il adviendra de la Palestine, ce pourquoi il se fait fort de terminer son propos en indiquant des conditions à respecter, qui vont dans le sens de sa vision catholique et française des choses. Si la première reprend en quelque sorte la deuxième partie de la très récente déclaration Balfour(respecter les populations locales), les trois suivantes vont plus loin dans l’affirmation de son point de vue, et semblent devancer ce qui doit se dérouler concrètement. La puissance qui vient de l’emporter doit en effet respecter la victoire chrétienne (« La Croix rétablie doit désormais régner sur Jérusalem. Malheur au peuple, quel qu’il soit, qui trahirait la chrétienté ! »). Elle se doit également de respecter la place traditionnelle de la France, qui vient d’être rappelée lors de la récente entrée au Saint-Sépulcre du représentant de la France, avec les honneurs liturgiques. Enfin, le Royaume-Uni doit respecter les amis de la France sur place.
Quelques jours plus tard, Baudrillart enfonce le clou dans un entretien au Petit journal, donné en accord avec le Quai d’Orsay6. Toutefois, s’il reprend les termes de son intervention à Saint-Julien-le-Pauvre, Baudrillart est obligé d’adapter ses vues, sinon ses revendications, à un contexte résolument mouvant, avec la nécessité de prendre en compte la réalité locale et internationale.Nous, catholiques français, dominés par le point de vue religieux et par le point de vue patriotique, nous ne nous dissimulons pas que la question de la Palestine et des Lieux saints n’est qu’une partie d’un problème extrêmement complexe. Ignorant les termes dans lesquels ce problème se pose actuellement, ignorant comment il se posera à la fin de la guerre, il nous est impossible d’avoir des opinions très catégoriques, ou plutôt, si nous avons ces opinions, nous n’avons pas les moyens pratiques de les faire triompher (…). D’une façon générale, je crois que tous les catholiques ont une même pensée et un même désir : au point de vue religieux, ils ne demandent nullement l’écrasement de ceux qui ne partagent pas leur foi.
Ceci s’applique par exemple aux juifs : « En ce qui concerne les juifs, nous sommes les premiers à reconnaître qu’ils ont droit au respect le plus absolu de leur conscience. » Dans le même temps, savoirsi le fait qu’ils ont été pendant des siècles les maîtres du pays leur donne un droit particulier sur cette terre, c’est une autre question. […] On ne saurait oublier non plus que depuis le temps de la captivité, c’est-à-dire depuis le commencement du VIe siècle av. J.-C., la Palestine a toujours été soumise à des dominations étrangères, sauf le temps très court où elle fut gouvernée par les Macchabées : la domination politique des juifs en Palestine ne reposerait donc que sur des droits bien hypothétiques. Que les juifs viennent en aussi grand nombre qu’ils le voudront pour y jouir des droits de tous, rien de mieux…
Cette tolérance affichée, qui ressemble fortement à de la résignation, s’applique aux Arabes musulmans :Quant aux populations arabes musulmanes, nous avons aussi le devoir de respecter leurs croyances ; malgré des périodes d’intolérance et de fanatisme, les musulmans ont, somme toute, pendant des siècles, respecté les croyances chrétiennes à Jérusalem.
En l’occurrence, ce respect est surtout dû au fait que les Arabes ont donné beaucoup de leur sang à la France au cours de cette guerre.Quant aux chrétiens qui ont eu tant de fois à souffrir au cours des siècles, il est bien évident que nous leur devons le respect et la protection de leur foi et de leur culte, et, s’il est permis de le dire en passant, les catholiques l’assureraient d’une façon plus complète que ne l’eût fait l’orthodoxie russe, si jalouse de dominer en Orient.
De ces considérations découlent des réflexions quant à l’avenir de la Palestine, et donc la question de son gouvernement. Conquise par des chrétiens, Jérusalem et sa région doivent désormais être gérées par des chrétiens, mettant ainsi fin à près d’un millénaire de domination musulmane sur les Lieux saints :Évidemment, nous eussions désiré un régime qui eût été la consécration de notre protectorat et qui eût donné à la France une situation vraiment unique, mais puisque c’est Richard-Cœur-de-Lion et non pas Saint-Louis qui a présidé à la rentrée des troupes chrétiennes à Jérusalem, nous sommes bien obligés d’en tenir compte. En tout cas, il y a une chose certaine, c’est qu’anglaises, françaises ou italiennes, ce sont des armées chrétiennes qui ont repris et occupé Jérusalem : à nos yeux les chrétiens doivent y rester maîtres. Même pour ceux qui ne partagent pas notre foi, c’est le Christ, c’est son souvenir qui est la part principale de la grandeur de Jérusalem et de son caractère sacré : les Lieux saints sont les lieux que le Christ a sanctifiés. Nul ne comprendrait dans la chrétienté -– et le Saint-Siège l’a laissé entendre ces jours-ci -– que, par un artifice quelconque, la Croix fût de nouveau subordonnée au Croissant, et il ne serait pas juste qu’elle tombât sous une domination juive, restaurée on ne sait comment par des puissances chrétiennes qui trahiraient la cause de la chrétienté.

S’ADAPTER AU NOUVEAU MONDE

Réaliste, Baudrillart doit concéder que la France est en situation minoritaire. Si elle ne peut prétendre à la gestion directe des lieux, elle doit pouvoir conserver ses attributs de puissance protectrice (protectorat sur les ordres religieux et privilèges traditionnels pour les représentants de la France), à défaut de poursuivre son traditionnel protectorat sur les chrétiens d’Orient. Mais une échappatoire pourrait lui permettre de conserver une position privilégiée : comme pour le moment l’option d’une internationalisation de Jérusalem et sa région demeure, dans la logique des accords Sykes-Picot, Baudrillart suggère : « Pourquoi le président de ce régime international que nous croyons le plus probable pour Jérusalem et les Lieux saints ne serait-il pas un Français ? » Soucieux du respect de la place et des traditions françaises en Orient, le prélat veut également que les loyautés locales envers la France ne soient pas négligées : « Maronites et Syriens, par exemple, ont toujours les yeux tournés vers nous… »
Le cap est maintenu après la guerre. Les bouleversements dus au conflit, avec la reconfiguration du Proche-Orient, doivent permettre la réalisation de la mission civilisatrice française. Baudrillart inscrit plus que jamais son action dans cette optique, avec option pour une « Grande Syrie », comprenant naturellement la Palestine. Dans la même logique, il poursuit son appui en faveur du maintien du protectorat catholique de la France et des capitulations, comme des honneurs liturgiques. Les choses ne tournant pas à l’avantage de la France, Baudrillart exprime une véritable nostalgie du temps où le représentant français était prépondérant en Orient pour le maintien de l’ordre et la défense des Latins contre toute agression. La restauration d’un royaume franc, sous-tendue par ces efforts, ne pouvant aboutir, Baudrillart prend note et favorise une alternative belge qui permette de déminer le terrain face aux empêchements britanniques et aux revendications de la puissance catholique rivale, l’Italie.
Néanmoins, il semble que le nouveau « grand jeu oriental » qui se met en place après 1917-1918 soit joué d’avance puisque, faisant siens de tenaces préjugés, Baudrillart a une ferme conviction quant à la toute-puissance des juifs. S’il en faut une preuve, celle-ci est rapidement apportée par la consécration de la manipulation de la politique britannique par les juifs, qui n’est qu’une illustration supplémentaire de la collusion entre eux et les protestants : la nomination de Sir Herbert Samuel, un juif, comme haut-commissaire britannique en Palestine.
La vision de l’Orient de Mgr Baudrillart, avec une réalité géopolitique désirée faisant la part entre les éléments qui lui sont favorables et ceux qui la mettent à mal, ne correspond décidément pas à la réalité du début des années 1920. Cette situation découle d’une part du fait que la France ne fait rien pour réaliser les idées du recteur en trahissant son propre rôle, sa destinée, et d’autre part des circonstances réelles du terrain.
C’est là la conséquence des alliances internationales de Paris. Comment la France peut-elle arriver à ses fins alors qu’elle doit d’abord satisfaire les Russes avant et pendant la première guerre mondiale, puis s’arranger avec les Britanniques ? Britanniques ou Italiens ne mettent-ils pas à mal la présence française au nom de leurs propres ambitions sur le même terrain proche-oriental ? Par ailleurs, la France souffre de ses faiblesses intrinsèques. Comme à l’accoutumée, elle a beaucoup d’ambitions, mais peu de moyens pour les réaliser.

LA FIN DU RÊVE D’UN « ORIENT OCCIDENTAL »

Naturellement, Baudrillart ne peut rester de glace devant cette situation. Le prélat ne peut donc qu’entrevoir la fin du rêve entretenu pendant et juste après la guerre, celui d’un Orient « occidental » : pessimiste, il envisage un temps le retrait chrétien de Jérusalem, la fin de la présence française en Orient, voire celle de la civilisation levantine. Dans ces conditions, revenant de manière indirecte à la thématique des croisades qu’il affectionne, il précise qu’un retrait complet ne peut être envisagé : ne pouvant imposer son ordre à tous, la France doit se concentrer sur le Liban pour préserver un réduit chrétien et protéger des coreligionnaires orientaux sinon immanquablement voués au joug musulman.
L’Orient est donc plus compliqué qu’il ne l’entend. Son passage à Jérusalem, à la fin de l’été 1923, est une étape fondamentale dans sa découverte de ce monde. Une fois sur place, Baudrillart fait preuve d’un réel discernement. À cette déception s’ajoute celle suscitée par l’absence d’unité entre chrétiens en général, notamment entre Européens. De fait, il importerait que ceux-ci s’allient pour être plus efficaces contre les menaces extérieures énumérées plus haut : le sionisme, mais surtout le laïcisme turc ou l’islamisme doublé du nationalisme arabe, tandis que sa foi en un Orient chrétien vivace est mise à mal par la réalité des faits. Chez lui se développe alors la conscience de ce que cet Orient chrétien n’est plus grand-chose.
Particulièrement actif dans les affaires orientales entre 1914 et 1918 — dans la lignée d’idées énoncées en partie avant la guerre, dans les années suivant immédiatement la conflagration mondiale et au début des années 1920 — au moment où toutes les espérances sont permises quant à un bouleversement de l’Orient en accord avec les idées catholiques et françaises, Baudrillart s’efface ensuite progressivement. À la différence de ce qu’il veut affirmer en décembre 1917, le monde qui évolue s’impose à lui et à ceux qui pensent comme lui. C’est par exemple ce qu’il note lorsque le 28 janvier 1933 il évoque la mort alors annoncée d’un élément qui lui est cher, l’Œuvre d’Orient ; et en conséquence c’est pour lui la fin d’une certaine idée de l’Orient français.
1Cri de ralliement et de guerre des croisés, « Dieu le veut ! » est jusqu’en 1987 la devise de l’association catholique, qui prend le nom d’ « Œuvre d’Orient » en 1930.
2Les Carnets du cardinal Baudrillart 1914-1918, éditions du Cerf, 1994.
3Ibid. , 15 décembre 1917.
4« La Jérusalem délivrée » est le titre d’un poème épique écrit en 1501 par Torquato Tasso, connu en français sous l’appellation le Tasse. Il retrace dans un récit largement fictionnel la première croisade, au cours de laquelle les chevaliers chrétiens menés par Godefroy de Bouillon combattent les musulmans (Sarrasins) afin de lever le siège de Jérusalem en 1099.
5« Jérusalem délivrée ». Discours prononcé à Saint-Julien-le-Pauvre en l’honneur de la prise de Jérusalem, le 23 décembre 1917, Paris, Beauchesne, 1918.
6L’entretien paraît dans le numéro du 25 décembre 1917 : « L’influence française en Orient — Quel doit être l’avenir de Jérusalem ? L’opinion de MgrBaudrillart », p. 2.
https://orientxxi.info/l-orient-dans-la-guerre-1914-1918/la-conquete-de-jerusalem-et-les-illusions-perdues-des-catholiques-francais,2207