Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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mardi 14 décembre 2021

la cathédrale inaugurée à Bahreïn montre que la "formule libanaise", en crise ici, s'épanouit ailleurs

ASIE/LIBAN - Le Patriarche Raï : la cathédrale inaugurée à Bahreïn montre que la "formule libanaise", en crise ici, s'épanouit ailleurs Bkerké (Agence Fides) - La consécration et l'inauguration de la cathédrale Notre-Dame d'Arabie, dans le Royaume de Bahreïn, est un puissant " signe des temps ". Elle rend manifeste les fruits du dialogue entre chrétiens et musulmans, et confirme l'attitude d'ouverture et de soutien croissants à la coexistence entre les différentes autorités du Bahreïn souverain et les autres autorités des pays du Golfe Persique. C'est ce qu'a souligné le Patriarche maronite Béchara Boutros Raï, en concluant son homélie lors de la célébration eucharistique qu'il a présidée dimanche 12 décembre à Bkerké, dans l'église du siège patriarcal. Le Cardinal maronite a ajouté à ses expressions de joie à l'annonce des bonnes nouvelles en provenance du Golfe Persique, des commentaires teintés de regret quant aux élans sectaires qui obscurcissent l'expérience historique de coexistence entre les différentes confessions au Pays du Cèdre : "Il serait souhaitable que les Libanais, dont la patrie s'est érigée en modèle de coexistence des confessions, ravivent ce grand message, au lieu de le poignarder chaque jour. Si la formule libanaise est florissante dans d'autres parties du monde - a remarqué le patriarche maronite - elle ne doit pas échouer dans sa patrie, le Liban". Au cours de son homélie, dans les passages réservés - comme c'est désormais son habitude - à la situation politique et sociale du pays, le Patriarche a également déploré les tactiques politiques qui entravent en fait le travail du gouvernement dirigé par Najib Mikati, empêchant ainsi l'exécutif de développer avec profit les pourparlers entamés avec le Fonds monétaire international et de débloquer ainsi l'aide étrangère indispensable pour que le pays tente de sortir du désastre économique dans lequel il s'est enfoncé. Le gouvernement libanais dirigé par le musulman sunnite Najib Mikati a obtenu la confiance du Parlement le 20 septembre, mais ne s'est pas réuni depuis le 12 octobre. La nouvelle impasse - notent les analystes - est due aux désaccords et aux vetos croisés entre les forces politiques concernant l'enquête sur l'explosion catastrophique qui a eu lieu le 4 août 2020 dans le port de Beyrouth, une enquête qui a visé des représentants politiques largement liés au parti chiite Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berri. Dans son homélie, le Cardinal Raï a également exprimé de sévères critiques à l'égard du projet de loi sur le contrôle des capitaux proposé par le gouvernement et envoyé au Parlement pour approbation. Cette mesure, souligne le Patriarche, aurait pour effet de piller les comptes des Libanais déposés dans les banques, sous prétexte de "répartir" le déficit pour sauver les banques endettées. Le fait qu'ils gardent leur argent à la banque, demande le patriarche avec sarcasme, représente-t-il une culpabilité qui les rend conjointement responsables des pertes ?" Le Patriarche maronite a poursuivi en décrivant la situation dans le pays avec des images bouleversantes : "Les Libanais n'ont pas la possibilité d'aller chez le médecin. Les médicaments prescrits par les médecins ne peuvent être trouvés dans les pharmacies, les dispensaires, les hôpitaux ou même au ministère de la santé. Les médicaments pour les maladies chroniques et incurables s'évaporent avant d'atteindre les malades et les gens meurent chez eux, dans la rue et devant les portes des hôpitaux et des ministères. C'est une situation catastrophique que le Liban n'a jamais connue dans son histoire". Dans son homélie, le Patriarche a également exprimé des évaluations articulées liées à la controverse qui a surgi autour du décret par lequel le ministre du travail, Mustafa Biram, a ouvert l'accès au marché du travail aux réfugiés palestiniens au Liban, dans des secteurs qui leur étaient jusqu'alors inaccessibles. Il y a 190 000 réfugiés palestiniens vivant au Liban qui, de par la loi, n'ont pas la possibilité d'exercer de nombreux emplois, à commencer par ceux accessibles aux catégories professionnelles des médecins, avocats et ingénieurs. Le ministre a expliqué que son décret ne visait pas à modifier la loi, mais seulement à atténuer les effets de la crise sur les réfugiés. Dans son homélie du dernier dimanche, le Cardinal Rai a affirmé sa proximité avec les personnes déplacées et les réfugiés, tout en attirant l'attention sur le fait que "la responsabilité de prendre soin de ces frères appartient aux Nations unies" par le biais de l'UNRWA (pour les Palestiniens) et du Haut Commissariat aux personnes déplacées (pour les réfugiés de Syrie). "Le Liban, a remarqué le patriarche maronite, n'est pas en mesure de garantir les droits de près de deux millions de réfugiés et de personnes déplacées. Nous appelons à une vie normale pour eux, dans le respect de leur dignité, et à ce que les pays arabes et le monde trouvent une solution définitive à la question palestinienne, en dehors du Liban, et soutiennent le retour rapide des réfugiés syriens dans leur pays". (GV) (Agence Fides 13/12/2021).

lundi 12 février 2018

LIBAN - Condamnation de profanateurs d’une statue de Notre-Dame consistant à mémoriser la sourate du coran relative à la Mère de Jésus

LIBAN - Condamnation de profanateurs d’une statue de Notre-Dame consistant à mémoriser la sourate du coran relative à la Mère de Jésus
 
Akkar (Agence Fides) – Deux jeunes musulmans libanais, inculpés d’avoir profanés une statue de Notre-Dame ont été condamnés à une peine alternative à la détention consistant à lire et mémoriser des passages du coran exprimant la vénération pour la Mère de Jésus. La décision du magistrat Jocelyne Matta, juge d’instruction du nord du Liban, a reçu des éloges, y compris de la part de responsables musulmans libanais qui l’ont valorisée comme instrument efficace pour lutter contre les sectarismes et toutes les formes d’offense perpétrées contre les croyances religieuses d’autrui.
Les deux jeunes, élèves musulmans de l’école technique de Mounjez, un village à grande majorité chrétienne de la région d’Akkar, s’étaient introduits voici quelques jours dans une église et y avaient accompli des gestes outrageants contre une statue de Notre-Dame. Les deux jeunes ont également filmé leur bravade sacrilège et l’ont diffusé parmi leurs camarades sur les réseaux sociaux. La police les avait arrêtés et les organes judiciaires s’étaient immédiatement activés afin d’établir une peine permettant également d’envoyer un signal efficace et de prévenir de nouveaux conflits sectaires. Jocelyne Matta, chargée de se prononcer sur le cas, lors de l’audience du 8 février, a préféré condamner les deux inculpés à une leçon de culture religieuse islamique plutôt que de recourir à des peines de détention. Durant l’audience, le magistrat a lu d’une copie du coran la sourate al Imran, qui exprime la vénération accordée à Marie par le texte sacré de l’islam, disposant comme peine pour les deux jeunes inculpés la lecture, la mémorisation et la récitation de ce texte. La proposition du juge a été approuvée et notifiée par le Tribunal de Tripoli, qui donné mandat à un responsable du Tribunal des mineurs d’aider les jeunes dans la mémorisation. Avant d’être relâchés, les deux inculpés on exprimé leur repentir pour l’action perpétrée.
« Le recours à ce type de peine rééducative – fait remarquer à l’Agence Fides le Père Rouphael Zgheib, prêtre maronite et Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires au Liban – exprime une orientation nouvelle dans la praxis de la justice libanaise et représente une application de l’article 111 du Code pénal, qui autorise le juge instructeur à remplacer la détention d’un inculpé par une autre mesure quelconque considérée comme plus appropriée et efficace. Le juge s’était aperçu que les jeunes ne savaient rien du coran, bien qu’étant musulmans, et il a donc choisi ce type d’amende pour leur enseigner à respecter également leur religion elle-même, outre les fois de ceux qui ne sont pas musulmans ».
La décision du juge Matta, magistrat chrétien, a été appréciée par des responsables religieux et politiques libanais. Le Premier Ministre Saad Hariri, musulman sunnite, l’a valorisée sur les réseaux sociaux en tant que choix utile à mettre en évidence ce que « les chrétiens et les musulmans partagent ». La décision de justice a montré aux deux jeunes que leur action représentait également une offense pour leur religion islamique elle-même, religion que, visiblement, ils ne connaissaient pas bien. (GV) (Agence Fides 12/02/2018)


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jeudi 25 janvier 2018

Le Liban... vers la partition ou la laïcité ? FARÈS LOUIS

OLJ 23-1-2018

Allons-nous vers l’effondrement de l’État libanais, à la décomposition de son corps social, politique, moral et économique ? Peut-on encore éviter le chaos ?
Le Liban vit dans une atmosphère ambiante de fatalisme et d’impuissance. Aujourd’hui, plus personne ne regarde vers l’avenir, plus personne n’imagine l’avenir, tant le désarroi est profond. Notre système institutionnel actuel est sclérosé, rétrograde et ne correspond plus au monde du XXIe siècle. Notre Constitution de 1943 a vu naître un régime basé sur un délicat équilibre comptable confessionnel qui a volé en éclats dès le début de la guerre de 1975.
Hélas, l’accord de Taëf de 1989 a accentué le poids confessionnel et partisan qui engendre continuellement un marchandage politique entre les clans et de facto une instabilité de nos institutions contenant en elles les germes d’un prochain conflit qui pourrait nous conduire cette fois-ci vers la désintégration de notre identité et la partition réelle du Liban.
Le changement réel est conditionné par la sortie du système actuel basé sur le féodalisme, mal de la société, un cancer qui sévit dans nos gènes depuis l’occupation ottomane jusqu’à nos jours. Le citoyen libanais s’est vu imposer (et malheureusement s’en est accommodé) une gouvernance féodale confessionnelle et politique qui le transforme en pion au service de son maître. Il suffit d’observer comment les dirigeants font appel à l’instinct basique de leurs fidèles pour les mobiliser et les manipuler au service de leurs propres intérêts. Au lieu que ces dirigeants rassemblent les citoyens autour de valeurs communes et transconfessionnelles, tels l’édification de l’État, le développement économique, l’éducation, la réduction de la pauvreté et de l’inégalité, la lutte contre le chômage ou encore l’écologie, ils les divisent, les abrutissent, les asservissent et les cantonnent dans leurs appartenances ethniques ou religieuses. Rappelons la mise en garde jadis de notre bien-aimé philosophe Gibran Khalil Gibran : « Malheur à la nation divisée où chacune des parties se considère comme une nation. »
Pourtant, un moment, on avait cru à un espoir d’un vrai changement et de renouveau avec le général Michel Aoun, mais, malheureusement, une fois rentré au pays, il n’a pas pu résister au chant des sirènes du confessionnalisme et du clientélisme qui mine l’âme de la société libanaise. Finalement, seul Raymond Eddé, la conscience du Liban, avait pu garder une constance dans les paroles et les actes tout au long de sa vie publique, et ce malgré les difficultés et les menaces qui ont jalonné son parcours politique.
Mais que faire face à cette chape de plomb et à cet immobilisme morbide ? Une transformation profonde de notre système politique s’impose, où le citoyen est une valeur en soi, où la religion est séparée de l’État, où la liberté de conscience est indiscutable, où la femme a les mêmes droits que l’homme, où le mérite et l’intégrité prédominent l’appartenance confessionnelle, où l’engagement public s’affranchit de toute forme d’allégeance. Seul un système basé sur la laïcité les garantit.
Loin des clichés faciles, la laïcité n’est pas la négation des religions; elle ne les relègue aucunement dans la sphère strictement privée, mais elle leur permet de jouer un rôle dans le débat public surtout pour des projets de société touchant à la conscience et à la dignité humaines. Cette idée avait déjà existé au XIXe siècle avec « la Nahda » où certains penseurs arabes chrétiens et musulmans (citons Boutros al-Boustani, Francis Marrache, Jorge Zeydan, Mohammad Abdo, Abdel Rahman al-Kawakibi...) étaient des avant-gardistes et plaidaient pour un mouvement de réforme politique, culturel et religieux, dissociant les affaires de la cité des convictions religieuses « personnelles ». On a grand besoin aujourd’hui de revivifier cet esprit.
Rien n’est fait par une classe politique corrompue pour faire évoluer les mentalités des citoyens, mais au contraire tout est entrepris pour laisser ces derniers dans la pauvreté, l’ignorance et une totale dépendance pour faire perdurer le statu quo. Le pays ne sait même plus ce qu’est être libre. Ce concept a quitté l’esprit du peuple.
C’est pourquoi, il faudrait que le citoyen se réveille et se libère lui-même de l’emprise de son chef religieux ou politique pour retrouver sa dignité et son droit à décider librement de son avenir. Les exemples dans le monde ne manquent pas de ces régimes qui se croyaient éternels et indéboulonnables mais qui ont été vaincus par la soif de liberté, un trésor incommensurable pour l’humanité. Quel que soit son appartenance religieuse, philosophique ou ethnique, l’homme finira tôt ou tard par choisir la liberté plutôt qu’un autre concept de vie ou de société qu’on veut lui imposer. 
La société civile doit jouer pleinement son rôle de boussole et d’accompagnement pour aider à cette émancipation des citoyens. J’en appelle aux intellectuels, universitaires, jeunes, journalistes, syndicats, hommes d’affaires et aussi la diaspora libanaise pour être le catalyseur de ce changement.
L’instauration d’un système laïc au Liban est plus que nécessaire pour la survie du pays et pour le bénéfice de nos générations futures. Il faudra du courage, du temps et de la persévérance. C’est la seule voie possible pour préserver à terme l’unité du Liban, mais aussi un modèle à suivre pour les pays voisins.

Président du Cercle Khalil Gibran (France)


https://www.lorientlejour.com/article/1095680/le-liban-vers-la-partition-ou-la-laicite-.html

mardi 12 décembre 2017

LIBAN - Déploration du Catholicos arménien concernant le choix du Président américain concernant Jérusalem

LIBAN - Déploration du Catholicos arménien concernant le choix du Président américain concernant Jérusalem
 
Antélias (Agence Fides) – Le choix fait par l’Administration américaine de transférer à Jérusalem l’Ambassade en Israël a « des répercussions négatives » sur l’ensemble du scénario proche oriental, déjà instable, et risque de mettre en danger l’ensemble du processus de paix. C’est ce qu’a réaffirmé Aram I, Catholicos arménien de la Grande Maison de Cilicie, au cours de l’Assemblée générale du Catholicossat, qui a eu lieu ces jours derniers à Antélias, au Liban. A cette occasion, Aram I a également souligné la nécessité de respecter les droits légitimes des palestiniens et de protéger les prérogatives que l’hébraïsme, le Christianisme et l’islam exercent dans la Ville Sainte.
La décision de l’Administration Trump de transférer son Ambassade en Israël à Jérusalem a provoqué des réactions négatives de la part de nombreux pays et chefs d’Eglises et de communautés chrétiennes présentes au Proche Orient et dans les pays arabes. Le Patriarcat de Babylone des Chaldéens, dans un message signé par le Patriarche, S.B. Louis Raphaël I Sako, a rappelé que « le devoir des Etats-Unis d’Amérique, en tant que superpuissance, est de favoriser la paix, la justice et la prospérité dans le monde entier et non pas celui de susciter des controverses et des conflits ». Le Patriarche d’Antioche des grecs melkites, S.B. Joseph Absi, dans une conversation avec l’Ambassadeur de Palestine à Beyrouth, a voulu confirmer son soutien et celui de l’Eglise melkite aux droits du peuple palestinien et son net rejet de la décision américaine de transférer dans la Ville Sainte son Ambassade en Israël. De son côté, le Patriarche copte orthodoxe, Tawadros II, chef de la plus importante Eglise enracinée dans le monde arabo-musulman, a fait savoir que, lui aussi, tout comme le cheick Ahmed al Tayyeb, grand imam de l’Université d’al-Azhar, n’a plus l’intention de rencontrer le Vice-président américain, Michael Pence, à l’occasion de sa prochaine visite en Egypte et en Israël. (GV) (Agence Fides 11/12/201

lundi 20 novembre 2017

LIBAN - Appui des chefs des Eglises présentes au Liban au Chef de l’Etat

LIBAN - Appui des chefs des Eglises présentes au Liban au Chef de l’Etat
 
Beyrouth (Agence Fides) – Dans le cadre du délicat moment politique que traverse le Liban après la démission annoncée du Premier Ministre, Saad Hariri, en date du 4 novembre, alors qu’il se trouvait en Arabie Saoudite (voir Fides 04, 06, 09 et 10/11/2017), les chefs des Eglises chrétiennes présentes au Liban continuent à fournir des signaux explicites de soutien au Président Michel Aoun, en sa qualité de garant de l’unité nationale, mise à l’épreuve par de nouveaux vents de crise. Ces jours derniers, le Patriarche d’Antioche des syro catholiques, S.B. Ignace Youssef III Younan, a rendu public un message d’appui et de solidarité au Chef de l’Etat libanais, dans lequel il a également exprimé sa satisfaction pour la sagesse et la compétence démontrées par le Président face à une crise qui pouvait mener de nouveau la nation au bord du gouffre. Les initiatives du Président Aoun – a souligné le Patriarche dans son message – ont « protégé la solidarité nationale et empêché que la Patrie ne glisse vers un destin inconnu », fondant sur un authentique principe de citoyenneté la sauvegarde de la paix civile. « Il est bien connu – indique à l’Agence Fides le Père Rouphael Zgheib, prêtre maronite et Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires au Liban – que le Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Bechara Boutros Rai, avant de partir pour son important voyage en Arabie Saoudite, où il a ensuite rencontré également le Premier Ministre, S. Hariri, a rendu visite au Président Aoun pour se confronter avec lui et montrer sa concordance de vues avec la plus haute charge de l’Etat. On perçoit clairement que le Patriarche d’Antioche des Maronites appuie le Président Aoun dans cette crise. Cependant, cet appui, en cette phase, arrive de tout le pays, des chrétiens comme des musulmans : ils appuient le Président et estiment que sa position sage a épargné de nombreux problèmes au Liban. Le Général Michel Aoun n’a jamais accepté la démission annoncé du Premier Ministre, S. Hariri, lequel a déclaré son intention de revenir au Liban mercredi prochain.
Ces jours derniers, même les résultats d’un sondage réalisé en août – soit bien avant la phase critique ayant culminé au travers de la démission annoncée du Premier Ministre – présentés sur le site Internet du Washington Institute for Near East Policy par l’analyste David Pollock avaient attesté que près de la moitié des chrétiens libanais se reconnaissaient pleinement dans la ligne politique du Président maronite Michel Aoun et dans son attitude consistant à considérer le parti chiite Hezbollah comme un partenaire et un « acteur positif » sur le scénario libanais au cours de cette phase de l’histoire du pays. (GV) (Agence Fides 20/11/2017)

lundi 6 novembre 2017

Déclarations du Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires après la démission du Premier Ministre libanais

LIBAN - Déclarations du Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires après la démission du Premier Ministre libanais
 
Beyrouth (Agence Fides) – Le Premier Ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé par surprise sa démission alors qu’il se trouvait en Arabie Saoudite, où il était arrivé la veille dans le cadre de sa seconde visite en l’espace de cinq jours seulement. L’annonce de la démission a été donnée par le responsable sunnite libanais en personne, dans le cadre d’un discours transmis par la chaîne de télévision satellitaire al-Arabiya. Dans son intervention, Saad Hariri a attaqué durement le mouvement chiite libanais Hezbollah – lié à l’Iran – et a indiqué craindre un attentat contre sa vie. « Le bras de l’Iran dans la région sera coupé » a déclaré entre autre Saad Hariri, se référant au Hezbollah.
Nommé Premier Ministre à la fin de 2016, Saad Hariri était à la tête d’un gouvernement d’unité nationale composé de 30 membres dont des composants du Hezbollah.
« En termes politiques – explique à l’Agence Fides le Père Rouphael Zgheib, prêtre maronite et Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires au Liban – la démission de Saad Hariri et les modalités selon lesquelles elle a été communiqué semblent constituer une véritable déclaration de guerre. L’équilibre qui s’était créé au Liban après l’élection du Président Aoun est remis en question. Espérons pour le pays que ne se rouvrent pas les portes du chaos et de la paralysie institutionnelle ». Depuis quelque temps, explique le prêtre, le Parti de Saad Hariri envoyait des signaux d’impatience face à la perspective d’élections législatives respectant l’échéance fixée de mai 2018 alors que le Hezbollah insistait sur la nécessité de respecter cette date. Dans ce sens, la démission improviste pourrait également être liée à un calcul électoral, visant à prendre les distances vis-à-vis du gouvernement d’unité nationale et de se présenter à nouveau comme une force alternative à l’alliance de partis qui comprend également les chiites du Hezbollah. « Tout s’était bloqué autour de Saad Hariri » remarque le Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires – et il ne pouvait plus se mouvoir librement. Sa démission semble constituer une tentative pour sortir d’un angle et se soustraire à je ne sais quelles pressions ».
Au cours de ces derniers jours, avait été rendue publique officiellement l’invitation faite au Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Bechara Boutros Rai, par le chargé d’affaires de l’Ambassade saoudienne à Beyrouth, Walid Bukhari, à visiter l’Arabie Saoudite (voir Fides 03/11/2017). Cette visite en Arabie Saoudite – avait fait savoir Walid Bukhari – aurait dû avoir lieu dans les prochaines semaines et le Patriarche aurait rencontré dans ce cadre notamment le Roi Salman et le Prince héritier. Mohamed bin Salman. « Maintenant – indique le Père Rouphael Zgheib – les nouveaux développements mettent en danger cette visite. Un voyage du Patriarche en Arabie Saoudite en ce moment risque d’apparaître comme un choix de camp et ceci n’est certainement pas l’intention du Patriarche, qui avait déjà déclaré être disposé à visiter l’Arabie Saoudite pour ouvrir de nouveaux ponts envers tous. Sa principale intention était de nature pastorale et religieuse mais par chez nous, la religion est toujours entremêlée avec la politique. Maintenant, toutes les cartes ont été redistribuées et chacun doit refaire ses calculs ».
Saad Hariri avait été reçu par le Pape François au Vatican le 13 octobre dernier. (GV) (Agence Fides 04/11/2017)

lundi 23 octobre 2017

“ما بين التعايش والحريّة أختار الحريّة” ونقطة

ل) إنّ مَن يتفحَّص مواقع التواصل الاجتماعيّ لا بدّ له أن يُلاحظ التعليقات والشعارات التي أطلقها روّاد هذه المواقع، والتي تنوّعت ما بين الإشادة بتحقيق العدالة وبين التخوين الذي أُجْرَته الاغتيال، لدرجة أنّك تشعر بالإستفذاذ بغض النظر إلى أي فئة أنت تنتمي. وبدوري فإنّ ما قرأته قد استفذّ وطنيّتي ومارونيّتي وقضيّتي الوجوديّة المسيحيّة، فما كان إلاّ أن يتردّد في وجداني صوت ذاك الكبير، بطريرك الحريّة والسيادة الكاردينال مار نصرالله بطرس صفير وهو يقول: “لو خُيِّرنا ما بين التعايش والحريّة نختار الحريّة”؛ هذا الكلام لا يحتاج شرحًا ولا تقويلاً، إنّه “… مثل البرق الذي يلمع من المشرق ويُضيء في المغرب” (متى 24/ 27)، و”مَن لهُ أذنان سامعتان فليسمع”…، غبطة أبينا البطريرك أنت تمثّل لبنانيّتي ومسيحيّتي ووطنيّتي ومارونيّتي، أنت تمثّلني، وإيمان بطرس إيماني… 
أرفض التعايش مع واقعٍ مريرٍ يريد أن يحوّل لبنان القداسة إلى إمارةٍ إسلاميّة إيرانيّة، أو حتّى سوريّة (والله العَليم شو كمان)، تحت شعار ضعيف هو “العيش المشترك”. وبلغت الوقاحة بالبعض إلى اتّهامنا بالخيانة، فيا هذا ماذا تصف وفاءَك الغير لبنانيّ وقضيّتك الغير لبنانيّة على أرض لبنان، أهي روح وطنيّة؟! أهي الوفاء للوطن اللبنانيّ؟ كلاّ، إنّها الخيانة بحدّ ذاتها… وأمام هذا الواقع أختار الحريّة، أختار الثورة في سبيل الحريّة رافضًا العَيش ذميًّا متنكِّرًا لتاريخي المسيحيّ المارونيّ المقاوم الثائر، على مثال المعلّم الأوحد والسيّد الأوحد والربّ يسوع المسيح.
أرفض التعايش مع مَن يدّعون أنّهم شركائي في الوطن، بينما لا تزال لغة التخوين ترقص على ألسنتهم وتستَتِرُ خلف ابتساماتهم الصفراويّة المرتسمة على شفاههم الجافة عاكسةً قلوبهم المتحجِّرة وعقولهم المُكَحَّلة بالسواد.
ومَن تجرّأ على نعت الرئيس الشهيد بشير الجميّل بالخائن المُستَحِقّ الاغتيال، لن أتحدّث معه عن الشرف والكرامة، ولا حتّى عن مفهوم المواطنيّة، وعلى عن أهميّة الحريّة والسيادة والاستقلال، بل أسأله: أتَدري يا هذا ما روحيّة الخطّ الذي مشى به هذا الرئيس الشهيد؟ تفضّل وأخبرنا ، إن استَطَعت، ماذا تعرف عن القضيّة المسيحيّة؟ عن تاريخ الأمّة المارونيّة؟ عن الهويّة والوجود؟ سأوّفر عليك الإحراج وأقول: “إنّه خط الإيمان بالله والأرض والإنسان”، إيمان مازال متغرِّبًا عن عالمك الغائص بالوفاء لكلّ ما هو غير لبنانيّ…
ماذا تعرف يا هذا عن البطريرك يوحنّا مارون الذي كان على رأس المقاومة المسيحيّة بهدف الدفاع عن الهويّة المسيحيّة عام 696؟
ماذا تعرف عن البطريرك دانيال الحدشيتي الذي رفض الخضوع وقرّر الدفاع عن الإيمان المسيحيّ وعن الحريّة، فمات شهيدًا سنة 1282 على يد المماليك؟
ماذا تعرف عن البطريرك جبرائيل حجولا الذي مات في سبيل شعبه مصلوبًا ومحروقًا عام 1367.
ماذا تعرف عن مجازر عام 1860؟ وعن المقاومين من عازور وروم وبتدّين اللقش والميدان ومشموشة وبسري وقيتولي وبرته وغيرها؟؟
هل قرأت يومًا، من باب الحشريّة، لائحة الرهبان الشهداء في مشموشة وغيرها من مناطق الجنوب، الذين استشهدوا في سبيل إيمانهم وأرضهم؟
هل نسيت يا هذا أن البطريك الياس الحويّك هو مَن قاوم وعمل على إعلان دولة لبنان الكبير عام 1920؟
ربّما لا يَعنيك أنّ الجبهة اللبنانيّة تكوّنت عام 1975 من أحرار لبنان المسيحيّين الرافضين أن يكون لبنان بلدًا بديلاً عن فلسطين، ورافضين أن يكون لبنان مُلحَقًا بدولة البعث السوريّة.
ما كان موقفك يا هذا يوم كان القصف يطال الكرنتينا، النبعة، تلّ الزعتر، ضبيّه…؟
أين كنتَ يا هذا وقت معركة الكورة، شكّا، زحلة، بِلاّ، قنات، الدامور وغيرها من القرى والمدن اللبنانيّة؟
هَل نسيت بيان المطارنة الموارنة برئاسة البطريرك الكاردينال مار نصرالله بطرس صفير في العام 2000؟
ما موقفك من ثورة الأرز ومظاهرة الاستقلال في العام 2005؟
أكتفي بهذا الكم من التاريخ المُشَرِّف الذي لا يعرف قيمته سوى الكبار، وأقول لكَ يا هذا: قبل أن تتجرّأ وتلوّح بكلمات التخوين، فليَكُن مَعلومًا أنّنا ورثة أكثر من 14 قرن من المقاومة في سبيل الإيمان والحريّة.
هذا نحن يا هذا، نحن أمّة لا تستسلم، لا تُشمل، ولا ترضى بالذميّة.


https://ar.aleteia.org/2017/10/23/%D9%85%D8%A7-%D8%A8%D9%8A%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%AA%D8%B9%D8%A7%D9%8A%D8%B4-%D9%88%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%B1%D9%8A%D9%91%D8%A9-%D8%A3%D8%AE%D8%AA%D8%A7%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%B1%D9%8A%D9%91%D8%A9/

samedi 14 octobre 2017

Le pape à Hariri : Le vivre-ensemble au Liban, un exemple pour toute la région

Le Premier ministre libanais invite le souverain pontife à visiter 
le pays du Cèdre.
OLJ avec AFP
13/10/2017

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a été reçu vendredi matin dans une ambiance de "grande cordialité" par le pape François, qui a notamment loué l'accueil d'un nombre important de réfugiés au Liban.
M. Hariri et le pape François ont discuté des derniers développements au Liban et dans la région, de l'impact de la crise syrienne sur le pays, ainsi que des relations entre le Liban et le Saint-Siège. A l'issue de la réunion, M. Hariri a indiqué lors d'un point de presse avoir "demandé au pape de visiter le Liban et ce dans l'intérêt du Liban, des chrétiens, et de la région
"Le pape a compris la situation de notre pays et nous lui avons demandé de continuer à percevoir le Liban comme un pays message", a ajouté le Premier ministre en allusion à la déclaration du pape Jean-Paul II qui avait souligné que "le Liban est plus qu'un pays, c'est un message dans le monde" . "Le pape connaît l'importance du Liban et considère que son vivre-ensemble est un exemple pour toute la région", a-t-il poursuivi.
Selon un communiqué du Saint-Siège, "l'importance du dialogue interculturel et interreligieux a été mise en exergue, tout comme l'importance de la collaboration entre chrétiens et musulmans pour promouvoir la paix et la justice ainsi qu'une solution d'ensemble aux conflits affectant la région".
Le Premier ministre libanais a par ailleurs abordé la question des réfugiés avec le pape. Ce dernier s'est à nouveau félicité de "l'accueil offert par le Liban à de nombreux réfugiés", selon le Saint-Siège
"Le pape s'est montré prêt à aborder la question des déplacés syriens, a  son côté indiqué Saad Hariri. Ce qui est important c'est de savoir comment les déplacés vont retourner en Syrie. Il faut trouver des zones sécurisées en Syrie". 

Abordant la question de la nomination de l'ambassadeur du Liban au Saint Siège, M. Hariri a déclaré : "Il faut régler le problème de l'ambassadeur libanais au Vatican de manière adéquate. Il ne faut pas donner à cette question une importance démesurée. Nous aurions dû voir certaines choses en amont. Mais le problème sera rapidement résolu". Selon certaines sources diplomatiques libanaises, le Vatican aurait exprimé des réserves au sujet de la nomination du nouvel ambassadeur Johnny Ibrahim en raison de ses liens passés avec la franc-maçonnerie. Sans nier avoir fait partie de la franc-maçonnerie, Johnny Ibrahim a assuré, lorsqu'il avait été interrogé sur la question, qu'il en avait démissionné.
Et M. Hariri de conclure : "Le pape est connu pour son amour envers autrui et beaucoup de gens empruntent le chemin de la paix grâce à son charisme et nous espérons voir cela arriver au Liban. Nous voulons préserver l'entente entre tous les Libanais parce que c'est ce qui a sauvé le pays et c'est ce qui peut nous mener à la sécurité et à la stabilité malgré toutes les difficultés".
Le pape a offert au Premier ministre libanais deux exemplaires, en arabe et en français, de son encyclique "Laudato Si", consacrée aux questions environnementales.
M. Hariri était accompagné d'une délégation d'une douzaine de personnes, dont le directeur de son cabinet, Nader Hariri, son conseiller Daoud Sayegh, ainsi que ses trois enfants et son épouse, toute de noir vêtue et portant une mantille. Cette dernière a glissé en italien que "l'Italie est le plus beau pays du monde", son mari précisant qu'elle était "en train d'apprendre l'italien". Le pape a alors fait tirer les rideaux d'une grande fenêtre du palais du Vatican pour montrer la vue à Mme Hariri, ont constaté des journalistes présents.
lire:https://www.lorientlejour.com/article/1080425/le-liban-pourrait-se-retrouver-sans-ambassadeur-au-vatican.html

samedi 29 juillet 2017

LIBAN - Conseil des Patriarches catholiques d’Orient au mois d’août
 
Beyrouth (Agence Fides) – Le Conseil des Patriarches catholiques d’Orient se tiendra avant la Solennité de l’Assomption à Dimane, au Liban, près le siège patriarcal estival du Patriarche d’Antioche des Maronites, afin de faire le point sur la situation complexe que connaissent les communautés chrétiennes autochtones dans de nombreuses zones du Proche-Orient. Ces dernières années, l’organisme, qui regroupe l’ensemble des Patriarches des Eglises catholiques orientales présentes dans cette partie du monde, n’avait pu se réunir, notamment à cause des conflits en cours, en particulier en Syrie et en Irak.
Les travaux du Conseil devrait débuter le 10 août, sachant que les moyens de communication libanais annoncent que, la veille, les participants devraient être reçus par le Chef d’Etat libanais, le Général (2S) Michel Aoun. L’ordre du jour du Conseil est strictement lié aux problèmes pastoraux et aux urgences, politiques et sociales, qui tenaillent de manière toujours plus pressante les communautés catholiques orientales autochtones, qui, dans certains pays du Proche-Orient, ont, ces dernières années, enregistré une diminution drastique du nombre de leurs fidèles. A la rencontre, participera pour la première fois en qualité de Patriarche S.B. Youssef Absi, nouveau Patriarche d’Antioche des Grecs melkites. Devraient également être présents des Patriarches orthodoxes ainsi que des représentants des églises et communautés chrétiennes issues de la réforme protestante. (GV) (Agence Fides 29/07/2017)


vendredi 28 octobre 2016

LIBAN - Félicitations du Patriarche d’Antioche des Maronites à la veille d’une élection présidentielle au résultat presque annoncé

 
Beyrouth (Agence Fides) – Les rues de Beyrouth sont déjà pleines d’affiches et de photographies à l’effigie du Général (2S) Michel Aoun, le responsable du Mouvement patriotique libre qui se prépare à devenir le nouveau Président de la République libanaise. Sauf improbable surprise de dernière minute, le Parlement libanais devrait élire le Général lors du prochain vote pour l’élection du Président, prévu au cours de la séance du 31 octobre à 11.00 locales. « Les préparatifs – indique à l’Agence Fides le Père Rouphael Zgheib, Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires du Liban – sont en cours également à la Baabda, le palais présidentiel qui s’apprête à recevoir un nouveau locataire et où l’on se prépare aussi à accueillir les moyens de communication du monde entier pour le début du nouveau mandat présidentiel. La seule inconnue, avec quelques polémiques résiduelles, est liée à l’ampleur du consensus dont bénéficiera le Général. Il faudra en effet voir s’il sera élu dès le premier tour, dans le cadre duquel sont nécessaires les deux tiers des voix, ou au second tour, lorsque lui suffira la majorité absolue.
L’élection annoncée du Général mettrait fin à plus de deux ans et demi de vacances de la Présidence, due aux veto croisés et aux boycotts réciproques des coalitions qui dominaient la scène politique libanaise. La fin de la paralysie est due à la convergence transversale autour de la candidature du Général des partis maronites, chiites et sunnites les plus influents. Le responsable du Mouvement patriotique libre, principal parti politique maronite, sera appuyé par les maronites du parti anciennement rival des Forces libanaises, par les chiites du Hezbollah et par les sunnites du mouvement Avenir de Saad Hariri.
Le soutien accordé par ce dernier parti – formation sunnite en contact avec l’Arabie Saoudite – à son ancien adversaire politique, le Général (2S) Aoun, a déplacé l’aiguille de la balance, ouvrant la voie à la fin de la paralysie institutionnelle libanaise. Demeurent opposés au « grand compromis » des partis mineurs tels que la formation chiite Amal – à laquelle appartient le Président du Parlement, Nabih Berri – et le parti maronite Marada, dont fait partie Suleiman Franjieh, lui aussi candidat à la Présidence de la République.
Le délicat système politique libanais prévoit que le poste de Chef de l’Etat doit revenir à un chrétien maronite. Au plan géopolitique, l’élection désormais imminente du Général est vue comme un signal de la perte d’influence de l’Arabie saoudite au Proche-Orient.
Au cours de la soirée d’hier, à l’occasion d’une réception organisée au Casino du Liban par le Centre catholique d’information, le Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Bechara Rai, a exprimé ses félicitations pour la prochaine élection d’un « Président fort ». Le Patriarche a également eu des paroles d’éloge à l’égard de l’ancien Premier Ministre, Saad Hariri, soulignant que le choix fait par ce dernier a sauvé le Liban du risque de tomber dans un gouffre. « Le Cardinal – explique à l’Agence Fides le Père Rouphael Zgheib – a toujours insisté sur l’urgence de mettre fin à la vacance de la Présidence, qui qu’ait été le candidat en mesure de recueillir les suffrages nécessaires, dans la mesure où il s’agissait de la seule solution pour faire sortir l’ensemble des institutions de la paralysie et recommencer à fonctionner selon ce qui est prévu par la Constitution ». (GV) (Agence Fides 28/10/2016)

jeudi 22 septembre 2016

À Harissa, prière intercommunautaire pour la paix « autour de Marie et avec Marie »

La commission patriarcale Justice et Paix a organisé un moment de prière pour la paix parallèle à la rencontre interreligieuse d'Assise.
Fady NOUN | OLJ
  -21-9-2016


C'est « autour de Marie et avec Marie », selon un mot de Mgr Chukrallah Nabil Hage, président de la Commission Justice et Paix de l'Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL), que les représentants de toutes les communautés religieuses au Liban ont exprimé, hier soir, à Harissa, leur soif de paix et prié pour son avènement.
Ils l'ont fait à l'appel du pape François qui a demandé à tous les diocèses du monde d'organiser des cérémonies de prière, parallèlement à celle qu'il a animée personnellement, hier même, à Assise, la ville de saint François, au cours d'une cérémonie rassemblant des représentants de religions et de sagesses du monde entier.
« J'invite les paroisses, les associations ecclésiales et les fidèles du monde entier à prier pour la paix en ce jour. La guerre est partout, nous devons prier ensemble pour la paix », avait insisté le pape, il y a quelques semaines, sous les applaudissements des fidèles réunis place Saint-Pierre. « À l'exemple de saint François, homme de fraternité et de douceur, avait-il ajouté, nous sommes tous appelés à offrir au monde un témoignage fort de notre engagement commun pour la paix et la réconciliation entre les peuples. »
Commission Justice et Paix
Au Liban, cet appel a d'abord pris de court la Commission Justice et Paix locale. Mais celle-ci a finalement relevé le défi et a organisé la cérémonie en un temps record, aux pieds de la statue de la Vierge, dans la cour d'accueil du sanctuaire de Harissa. Ce choix était significatif dans la mesure où, depuis l'instauration au Liban d'une fête nationale commune islamo-chrétienne, le 25 mars, fête de l'Annonciation chez les chrétiens, la figure de la Vierge Marie est évoquée sans ambiguïté et avec de moins en moins de réserve par les musulmans, qui y voient un trait d'union qui renforce le vivre- ensemble islamo-chrétien au Liban.
Toutes les communautés libanaises étaient présentes à cette belle et paisible cérémonie (voir encadré) qui s'est tenue entre la couleur orangée du couchant et les premières étoiles. Les courtes allocutions et invocations pour la paix ont été entrecoupées de chants à la Vierge et de cantiques byzantins. Un ensemble choral islamique a même créé la surprise en interprétant un cantique à la Vierge tiré du répertoire populaire maronite ( « Fi zoulli himayatiki » – À Ton ombre protectrice). Une minute de silence a été observée, en cours de cérémonie, pour les innombrables victimes du terrorisme et de la guerre au Liban et au Moyen-Orient.
Un message du pape a été lu par le secrétaire de la nonciature apostolique, le P. Ivan Santos, en fin de cérémonie, avant la récitation par les dignitaires religieux d'une imploration commune en faveur de la paix, qu'ils ont ensuite joyeusement signée.
Les thèmes abordés
Naturellement, ce sont les conflits armés qui font rage au Moyen-Orient, l'intolérance religieuse, le terrorisme et le sang répandu au nom de Dieu, ainsi que la vacance présidentielle au Liban qui ont meublé les interventions des dignitaires religieux. Ce dernier thème a conclu l'intervention du patriarche maronite, qui a tenu, une fois de plus, à rappeler aux députés leur devoir sacré. « La réconciliation est la plus haute manifestation de la paix », a insisté le patriarche Raï, premier à prendre la parole, avant de l'appliquer aux relations personnelles, à la vie familiale, aux relations sociales et politiques et enfin à la vie nationale.
C'est avec des accents eschatologiques que le cheikh Mohammad Nokkari, juge chérié et professeur d'université, a pris le relais du patriarche pour une critique sévère d'un « âge de la fin » qui, a-t-il dit, est celui « de la discorde et de la guerre ». D'une voix passionnée, le dignitaire sunnite a dénoncé le terrorisme pratiqué au nom de l'islam, « signe des temps » qui, pour lui, témoigne de la proximité du Jour du Jugement, un constat qu'il a tempéré par le rappel de cette valeur commune au christianisme et à l'islam qu'est « l'espérance ». « Si l'on vous dit que le Jugement est aux portes, piquez une plante », a-t-il fait dire au Prophète, dans une citation.
« J'ai honte que d'autres m'aient devancé à appeler à la paix », a affirmé de son côté le mufti jaafarite, troisième à prendre la parole, qui a déploré que les Libanais « soient toujours otages des politiciens » alors que des centaines de milliers de personnes ont déjà payé de leur vie le grand jeu cynique régional.
Tout aussi ardemment, le représentant de la communauté alaouite a décrit comme « sataniques » les filets des discordes tendues par le terrorisme, sous le déguisement de l'islam. « Ces gens n'ont ni patrie ni identité, a-t-il lancé. Leur vocation est de répandre le sang et de détruire les civilisations. » Revenant au Liban, il a appelé à l'élection d'un président de la République et à la défense du vivre- ensemble.
Éloquence des Églises arméniennes
Les représentants des Églises apostolique et catholique arméniennes devaient, à leur tour de parole, parler avec éloquence, le premier de la paix, le second de la contrition personnelle et collective.
C'est par le chant de paix des anges, à la naissance du Sauveur, que l'Évangile commence, et c'est par le Christ donnant sa paix aux apôtres qu'il va bientôt quitter, qu'il se termine, a rappelé le P. Hossip Mardirossian.
Pour sa part, le P. Georges Yeghayan a fait entendre une parole plutôt rare en ces temps de gémissements, celle du courage qu'il faut avoir pour assumer le poids de ses fautes, sur le modèle de ce qui se passait dans l'Ancien testament, quand le peuple, dans le malheur, s'humiliait devant Dieu et implorait miséricorde.
À la fin de la cérémonie, Mgr Chukrallah Nabil Hage, président de la Commission Justice et Paix, a prononcé un mot de remerciements à l'adresse des responsables du sanctuaire de Harissa, ainsi qu'à tous ceux qui ont animé la cérémonie et assuré son succès.
Les présents
Par ordre d'intervention : le patriarche maronite Béchara Raï ; le cheikh Mohammad Nokkari (sunnites); le cheikh Ahmad Abdel Amir Kabalan (mufti jaafarite, communauté chiite) ; le métropolite Élias Kfoury (grecs-orthodoxes) ; le métropolite Cyrille Bustros (grecs-catholiques); le cheikh Sami Aboul Mouna (druzes) ; le cheikh Mohammad Dayeh (alaouites); Mgr Chrisostoumos Chamoun (syriaques orthodoxes) ; Mgr Basilios Gergès Moussa (syriaques catholiques) ; l'archimandrite Hossip Mardirossian (arméniens orthodoxes) ;le P. Georges Yeghayan (arméniens catholiques) ; le P. Batroun Coliana (assyriens) ; le rév. Georges Mrad (communauté évangélique) ; le P. Rouphaël Traboulsi (chaldéens) ; le P. Roueiss Ourachalimi (coptes orthodoxes); le P. Antonios Ibrahim (coptes catholiques).

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16 communautés religieuses chrétiennes, musulmanes et druzes ont participé à une rencontre de prière

RV) 21-9-2016-Au Liban, 16 communautés religieuses chrétiennes, musulmanes et druzes ont participé à une rencontre de prière pour invoquer ensemble le don de la paix au pied de la statue de la Vierge Marie au sanctuaire marial d'Harissa, le 20 septembre 2016 au soir. L'événement était organisé parallèlement à la Rencontre interreligieuse d'Assise, par la commission Justice et Paix de l'Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL), en réponse à l'appel du pape François qui avait demandé à tous les diocèses du monde d'organiser des cérémonies de prière à cette occasion.
La figure de la Vierge renforce le vivre-ensemble au Liban
«C'est "autour de Marie et avec Marie" que les représentants de toutes les communautés religieuses au Liban ont exprimé leur soif de paix et prié pour son avènement», rapporte le quotidien L'Orient-Le Jour. Le journal rappelle que depuis l'instauration au Liban d'une fête nationale commune islamo-chrétienne, le 25 mars, fête de l'Annonciation chez les chrétiens, «la figure de la Vierge Marie est évoquée sans ambiguïté et avec de moins en moins de réserve par les musulmans, qui y voient un trait d'union qui renforce le vivre-ensemble islamo-chrétien au Liban». Lors de la cérémonie, un ensemble choral islamique a créé la surprise en interprétant un cantique à la Vierge tiré du répertoire populaire maronite.
Crainte et unité
Une minute de silence a été observée pour les victimes du terrorisme et de la guerre au Liban et au Moyen-Orient. Selon l'agence Fides, cette rencontre a donné lieu également à des prises de positions fortes de la part des dignitaires religieux. Le terrorisme pratiqué au nom de la religion est «un signe des temps» qui témoigne de «l’approche du Jour du Jugement» et les pièges de discorde disséminés par ceux qui utilisent l’islam pour justifier leurs propres desseins violents de domination sont «sataniques». 
L’aspect eschatologique des violences perpétrées par les groupes qui veulent «accélérer l’Apocalypse» a été mentionné par le cheick sunnite Mohammad Nokkari alors que le rappel de la matrice diabolique du terrorisme justifié en recourant à la religion a été fait par le représentant alaouite Mohammad Dayeh.
Enfin dans ce pays en proie à une crise institutionnelle et politique, responsables religieux ont montré des signes de concorde concernant la situation actuelle du Liban. 
(MD avec agences)

vendredi 15 avril 2016

II. Le Liban, modèle de pluralisme à sauvegarder - Antoine Messarra - L'Orient-Le Jour

II. Le Liban, modèle de pluralisme à sauvegarder - Antoine Messarra - L'Orient-Le Jour


Il ressort des communications, débats et cinq groupes de travail au cours de la conférence internationale à Rome, organisée par l'Université de Munich et le Groupe de recherche de l'épiscopat allemand sur les relations ecclésiastiques internationales (L'Orient-Le Jour du mardi 12 avril), nombre de perspectives d'action :
1. Initiatives et capacitation : il faudra entreprendre des « initiatives qui créent la différence » (Heiner Bielefeldt, Allemagne), inventorier et propager les actions positives et concevoir des projets (Michel Jalkh, Liban), ce qui exige une nouvelle mentalité, sans repli, ni cloisonnement, ni surtout mentalité de protection (Walid Shomaly, Jérusalem). Il y a en effet un risque majeur de contagion identitaire, de retour au complexe de dhimmitude (Karam Rizk, Liban ; Heiner Bielefeldt, Allemagne) qui a contribué à faire perdurer des tyrannies dans la région, bien au-delà de l'exigence nécessaire de la prudence, au sens d'Aristote, en politique. On reconnaît, dans une perspective d'autocritique, « qu'en tant qu'église, nous avons été souvent taciturnes » (Antonios Aziz Mina, Egypte). On rapporte des expériences positives d'une église vraiment universelle, avec des Coréens, des Philippins... au cœur des Émirats arabes unis où « des églises sont remplies et nous réapprennent la foi » (Paul Hinder, Suisse et Émirats arabes unis).
On cite l'expérience dans les années 1994-1995, avant le Synode pour le Liban, de L'Église de la reconstruction (Cedroc, librairie Orientale, 1995, 250 p.), de l'Église pour notre temps... Il faudra donc repenser « la présence multifonctionnelle des chrétiens » (cardinal Leonardo Sandri, Vatican), en vue d'une « vitalité et dynamique de l'Église » (Mgr Simon Faddoul, Karam Rizk, Liban). De tels efforts impliquent le soutien aux églises des Arabes, gardiennes et protectrices de racines profondes du christianisme.
2. Diplomatie internationale ciblée sur les foyers de tension et opposition à la diplomatie du chantage sécuritaire : la Palestine demeure au cœur du monde arabe et de toutes les carences de la diplomatie internationale la cause originelle du tremblement que vit le Moyen-Orient. Mais la banalisation du génocide et la brutalisation du monde ont atteint une telle généralité que nombre d'intervenants parlent qu'il faut désormais un miracle.
3. Constitutionnalisation des droits et libertés : de nouveaux changements constitutionnels dans plusieurs pays arabes comportent des garanties substantielles aux libertés religieuses et droits fondamentaux, notamment en Égypte, Jordanie, Tunisie, Maroc... Le gouvernement d'Égypte a décidé la réhabilitation des lieux de culte et le Conseil constituant comportait cinq coptes sur un total de 15 membres (Guirgis Saleh, Fadi Sidarus, Égypte). En Jordanie, le Parlement compte neuf parlementaires chrétiens (Rifaat Badr, Jordanie). Les problèmes relatifs aux rapports entre religion et pouvoir politique, embourbés dans des débats dogmatiques éculés, devraient emprunter désormais des approches empiriques qui permettent de dépoussiérer des cogitations répétitives et figées en vue d'une laïcité arabe endogène, parfaitement possible et en conformité avec les traditions constitutionnelles nationales.
4. Promouvoir le patrimoine valoriel du Liban message : ce patrimoine, perturbé et agressé par des occupations hostiles et fraternelles, patrimoine à transmettre à la nouvelle génération, est le garant du message libanais de pluralisme, à l'opposé du judaïsme sioniste qui, en opérant une corrélation entre espace et identité, menace le patrimoine séculaire de pluralisme du tissu arabe.
5. Faire retrouver aux religions leur âme : quel dialogue religieux et culturel pour demain quand le Dieu de la Terre promise devient propriétaire terrien et spéculateur foncier, quand une déchristianisation à fleur de peau en Europe crée une vacuité chez des jeunes avides de sens et happés par des manipulateurs, quand un islam idéologique et déboussolé justifie le génocide, la violence et le massacre? Il en découle l'exigence d'un dialogue pour la paix (David Thomas, Angleterre), « la descente du dialogue au niveau de la société » et la révision des programmes et contenus d'enseignement (Ghassan al-Shami, Liban; Mariano Barbato, Allemagne), et la catharsis d'une «mémoire empoisonnée» (Paul Hinder, Suisse et Émirats arabes unis).

***
Le grand avantage de la conférence à Rome est de poser le problème de la sauvegarde du tissu religieux et culturel pluraliste au Moyen-Orient dans une perspective plus large que celle de la chrétienté orientale. Il y a là un «rôle conjoint des chrétiens en Orient et en Occident» (Georges Tamer, Liban).
Il en découle l'exigence d'une stratégie de confiance, source d'une dynamique agissante, en partant de la conviction « que le christianisme ne finira pas » (Antonios Aziz Mina, Égypte). Le christianisme au fond, «c'est la foi dans la croix et la résurrection» (Georges Tamer, Liban) et Jérusalem, comme à l'origine, peut encore être « la ville des surprises» (Walid Shomaly, Jérusalem).
La conférence dont l'organisation a été assurée par Stephan Stetter et Mitra Moussa Nabo (Université de Munich) est le fruit d'une vision, d'une foi solidaire et d'une volonté d'action aux niveaux régional et international.

Antoine MESSARRA
Membre du Conseil constitutionnel
Titulaire de la chaire Unesco pour l'étude comparée des religions, de la médiation et du dialogue, USJ


JTK

mardi 12 avril 2016

I. Le pluralisme religieux et culturel au M-O : quel avenir ? - Antoine Messarra - L'Orient-Le Jour

I. Le pluralisme religieux et culturel au M-O : quel avenir ? - Antoine Messarra - L'Orient-Le Jour

I. Le pluralisme religieux et culturel au M-O : quel avenir ?

Ouragan d'espoir, d'espérance, d'opportunité et de volonté au Moyen-Orient pour faire face à la « mondialisation de l'indifférence », suivant l'expression du pape François, tout au long de la conférence internationale exceptionnelle de trois jours à Rome, fin février 2016, sur le thème : « Société mondiale et transformations régionales : chrétiens, Églises chrétiennes et religion dans un Moyen-Orient en mutation », conférence organisée par l'Université de Munich et le Groupe de recherche de l'épiscopat allemand sur les relations ecclésiastiques internationales.
Il fallait bien ce rassemblement de grande envergure, avec la participation de plus de 40 personnalités éminentes et opérationnelles de plus de 14 pays arabes et occidentaux (Égypte, Émirats arabes unis, Irak, Jordanie, Liban, Palestine, Syrie, Allemagne, Angleterre, Argentine, Danemark, États-Unis, Italie, Suisse...) pour appréhender les changements au Moyen-Orient, avec l'engagement de la foi et de la citoyenneté, et surtout un réalisme cru et tragique face au génocide qui s'opère sous des regards devenus accoutumés et souvent aveuglés.
Il ressort de plus de trente communications, débats et cinq groupes de travail nombre de perspectives que nous résumons en trois volets.
***
Quelles sont les réalités et les causes au-delà du descriptif ? On insiste dès le départ qu'il faudrait « procurer du matériel, aboutir à des résultats face à des attentes, dans un corps malade, même si un seul membre est directement atteint, car la tragédie influe sur l'avenir de toute la coexistence. » (L'évêque Ludwig Schick, Allemagne). On s'élève contre la propension à la description désengagée : « Je suis sursaturé de description dans une tempête qui ravage l'Orient avec défaut de vision, affrontés que nous sommes et dénudés face à un cerveau malade qui voudrait la décivilisation du monde, avec des églises du monde arabe non préparées à gérer des situations de désastre, situations qui exigent un gigantesque déploiement diplomatique. » (Ghassan el-Chami, Liban).
Au-delà donc d'une région du monde et d'une religion, nous vivons non pas des mutations, mais une rupture, « une civilisation incendiée, des slogans vaseux et des êtres nés pour être engloutis par l'océan. » (Ignatius Alhoshi, Syrie). Et surtout « la destruction d'un patrimoine avec des victimes qui ne sont pas seulement des chrétiens, dans un monde désengagé et des Nations unies démusclées face à la période la plus sombre de leur histoire. » (Heiner Bielefeldt, Allemagne). C'est l'« échec de tout le droit international. » (Ignatius Alhoshi, Syrie). Échec aussi du « nationalisme uniformisant », (Herald Suermann, Allemagne), développé durant plus de trois générations dans un monde arabe assoiffé de citoyenneté égalitaire, une et plurielle.
L'exposé introductif du patriarche Béchara el-Raï développe, avec le plus haut niveau de courage et de lucidité, les quatre raisons du bouleversement : la proclamation de l'État d'Israël en 1948 provoquant des hostilités partout et des couvertures à des régimes d'oppression, l'instauration en 1979 de la République islamique chiite en Iran avec des conséquences sur la configuration et les rapports interrégionaux, l'absence de règlement du conflit israélo-palestinien et israélo-arabe en corrélation avec l'aménagement et l'extension de nouvelles colonies, et une idéologie d'exclusion sous le couvert de l'islam et de croyances en manque de repères.

Sursaut chrétien et musulman
C'est le Liban qui constitue un pont et un modèle à sauvegarder. Outre les réalités factuelles du bouleversement, il ne faudrait pas négliger les réalités spirituelles, mentales et culturelles, réalités déplorables et d'autres au contraire fort exaltantes.
On relève un sursaut de la part de chrétiens et de musulmans. Du côté de l'islam, on se penche sur « les racines chrétiennes de l'islam et la dimension humaine du sacré » (Mahmoud Ayoub, Liban). Le 14 mars 2015, en sortant de la mosquée de Deraa, des croyants exultent : « Nous voulons un musulman qui connaisse Dieu », faisant face à des slogans : « Les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au cercueil ! » On s'élève contre le « déni de l'histoire et des racines ». (Refaat Badr, Jordanie).
Du côté chrétien, on s'attend à « une renaissance humaniste en Occident, car la fin des chrétiens en Orient est aussi une catastrophe pour l'Occident », (Nikodimos Daoud Sharaf, Irak), car « les chrétiens ne sont pas des individus isolés, mais l'Église du Christ ». (Le patriarche Béchara el-Raï).
Quand plusieurs intervenants parlent d'une « phase nouvelle » dans la région, la question est posée : en quoi justement réside la nouveauté de la démarche ? Au moins dans deux perspectives : la fin de la mentalité de protection ou du complexe de dhimmitude (protégé) et le réengagement chrétien et musulman dans une renaissance arabe fondée sur les libertés. La connivence, et parfois le soutien manifeste d'autrefois à des régimes tyranniques qui prétendaient (et prétendent ?)
protéger les minorités et pratiquaient la diplomatie du chantage à l'égard de grandes impuissances occidentales apeurées, a vécu : « En tant que conscience de cet Orient, nous ne sommes pas des quémandeurs de protection, car c'est la paix et le droit qui sécurisent. » (Ignatius Alhoshi, Syrie). La notion même de minorité est rejetée quand il s'agit de population enracinée et intégrée dans l'histoire et le tissu social.
Au cours de la conférence, le Liban est toujours cité comme « modèle à sauvegarder, pont entre Orient et Occident ». (Le patriarche Béchara el-Raï). Il y a un islam musulman, pluriel certes, et il y a les munafiqûn (imposteurs), autre appellation musulmane de scribes, de docteurs de la loi et de pharisiens, appellation qui figure plus de vingt fois dans le Coran. D'où l'exigence, de plus en plus impérative dans les recherches et les actions, de ne pas tant intellectualiser des problèmes dogmatiques et de procéder à une dénonciation empirique de la politologie de la religion ou de l'exploitation de la religion dans la mobilisation politicienne à des fins sans rapport avec la religion et la foi. Tout cela implique un « changement dans les idées » (Stephan Stetter, Allemagne) et « la réhabilitation de la confiance » (Amir Jaje, Irak), face certes au « silence de chrétiens d'Occident, surtout quand Maaloula a été démolie ». (L'évêque Pavly, Égypte).
Antoine MESSARRA
Membre du Conseil constitutionnel.
Titulaire de la chaire Unesco pour l'étude comparée des religions, de la médiation et du dialogue, USJ
Prochain article:
II. « Le Liban, modèle de pluralisme à sauvegarder ».


JTK