Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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jeudi 1 mars 2012

Les chrétiens d’orient et les printemps arabes

Les chrétiens d'orient et les printemps arabes

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Si des interrogations persistent sur l'avenir, je veux dire aux chrétiens d'Orient qui sont dans bien d'autres pays que ceux que j'ai cités (notamment en Israël et dans les Territoires palestiniens) que la France ne les abandonnera pas.
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Tribune d'Alain Juppé publiée dans La Croix (28 février 2012)

Les chrétiens d'Orient sont inquiets.
Inquiets pour la pérennité de leur présence dans une région qui est leur région depuis 2000 ans.
Inquiets pour le respect de leurs droits dans un contexte de bouleversements majeurs.
Inquiets face à la montée des tensions liées au confessionnalisme.

Je veux leur dire que j'entends, que je comprends leurs craintes.
Depuis des siècles, la France est investie d'une mission particulière à l'égard des chrétiens d'Orient.
Elle ne s'y dérobera pas.
C'est bien pourquoi, dès janvier 2011, le Président de la République fixait le cadre de notre politique en soulignant que le destin des chrétiens d'Orient symbolise « bien au-delà de l'Orient, les enjeux du monde globalisé dans lequel nous sommes entrés de façon irréversible ».
Notre vision est claire : il ne peut y avoir de révolution démocratique authentique sans protection des personnes appartenant aux minorités.
Les chrétiens d'Orient ont vocation à rester dans leur région.
Ils ont vocation à participer à la construction de son avenir comme ils l'ont toujours fait pour son passé.
La question n'est pas nouvelle. Elle est multiséculaire.
Mais elle se pose avec une acuité accrue depuis quelques années.

La France a, d'abord, manifesté sa vigilance en adressant des messages clairs aux Etats concernés, qui sont les premiers responsables de la sécurité de leurs citoyens. La France s'est également mobilisée pour que le Conseil affaires étrangères de l'Union européenne du 21 février 2011 condamne les violences contre les chrétiens, et pour qu'une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité des Nations Unies leur soit adressée le 10 novembre 2010 suite à l'attentat de Bagdad.

- De fait, les chrétiens d'Irak ont payé un lourd tribut au cours des dernières années. Nous avons exprimé notre solidarité par l'accueil sur notre sol depuis 2008 de plus de 1300 d'entre eux et par l'évacuation sanitaire des personnes blessées lors de l'attentat contre la Cathédrale Notre Dame du Salut de Bagdad le 31 octobre 2010 en particulier.
- En Egypte, les coptes occupent une place particulière, enracinés dans la longue histoire du pays, ils ont souffert de violences, d'exactions, de discriminations ces dernières années, comme l'a montré le sinistre attentat contre l'église d'Alexandrie en 2011.
Mais les coptes se sont également engagés dans la vie politique de leur pays comme jamais auparavant depuis la révolution, ils ont participé aux élections, ils veulent être écoutés et contribuer avec leurs concitoyens à la transition démocratique du pays.
Le Parlement égyptien nouvellement élu a fait part de son engagement à garantir les droits des coptes : nous comptons sur son action décisive.
- Au Liban, la coexistence entre plusieurs minorités est une réalité. Mais ce modèle doit être sans cesse préservé afin de répondre à différentes tentatives de remises en cause. Tous les acteurs de la société et de vie politique libanaise ont la responsabilité d'y veiller.
Comme le Président de la République l'a affirmé à Sa Béatitude Béchara Raï, Patriarche maronite, lors de sa visite officielle à Paris en septembre dernier, la meilleure protection pour les chrétiens d'Orient et la véritable garantie de la pérennité de leur présence résident aujourd'hui dans l'instauration de la démocratie et de l'Etat de droit dans les pays arabes.

C'est pour cela que nous recommandons aux chrétiens du Proche-Orient de ne pas se prêter aux manœuvres d'instrumentalisation mises en œuvre par des régimes autoritaires coupés de leur propre peuple.
Je reste très préoccupé par la situation dramatique qui règne en Syrie, par la répression féroce exercée par un régime condamné qui utilise la force militaire contre son propre peuple.
J'appelle de mes vœux une participation des chrétiens, comme de toutes les autres communautés, à la création d'une Syrie nouvelle et démocratique où tous les citoyens auront les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que le chemin sera long et chaotique.
Mais au-delà des risques et des dangers, qu'il ne s'agit pas de nier, les « printemps arabes » offrent une opportunité historique pour les chrétiens d'Orient.
Qui peut croire que les droits des minorités sont mieux protégés par des dictatures sanguinaires que par des régimes démocratiques ?
Qui peut nier que des chrétiens, des kurdes, des druzes, des alaouites, des assyriens aussi, sont assassinés, torturés, emprisonnés, en Syrie ?
Et des signes d'espoir existent dans ce printemps arabe : je souhaite rendre hommage à l'initiative du grand imam d'Al Azhar Cheikh Al Tayyeb, qui a élaboré et publié en janvier dernier un document sur les libertés publiques en Egypte.
Ce texte met l'accent sur la liberté de croyance, la liberté d'expression, la liberté de la recherche scientifique et la liberté de création, y compris de création artistique.
De telles initiatives, qui renforcent le dialogue interreligieux, montrent qu'il est possible de rassembler des sociétés diverses autour de valeurs universelles permettant à tous de coexister harmonieusement.

Si des interrogations persistent sur l'avenir, je veux dire aux chrétiens d'Orient qui sont dans bien d'autres pays que ceux que j'ai cités (notamment en Israël et dans les Territoires palestiniens) que la France ne les abandonnera pas.

Notre confiance dans les révolutions de 2011 s'accompagne d'une vigilance absolue du respect des droits de l'homme, en particulier de ceux des minorités.
J'ai moi-même beaucoup insisté sur cette question lors de mes contacts avec le Conseil national syrien, qui a vocation à rassembler l'opposition syrienne et qui s'est engagé à garantir ces droits.

En Syrie comme ailleurs, l'intérêt des chrétiens d'Orient est d'embrasser des évolutions qui sont à la fois inéluctables et positives.
C'est en s'engageant de manière décidée dans la construction d'une région nouvelle qu'ils protègeront leur avenir, comme l'a réaffirmé le Président de la République devant les autorités religieuses, à l'occasion des voeux le 25 janvier :
« Les chrétiens font partie de l'Histoire de l'Orient ; il ne peut être question de les arracher à cette terre. Les printemps arabes tiendront leurs promesses si les minorités sont respectées. »
Le message que je souhaitais leur adresser est simple : la France a été, est et restera à vos côtés.
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere/le-ministre-d-etat-et-les/alain-juppe/presse-et-media-20656/article/les-chretiens-d-orient-et-les


Lire aussi :http://chretiensdorient.blogspot.com/2012/02/alain-juppe-critique-le-soutien.html?m=1

Alain Juppé : le rapport du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies sur la Syrie est "accablant" (27 février 2012)

Alain Juppé : le rapport du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies sur la Syrie est "accablant" (27 février 2012)


Madame la Présidente du Conseil des droits de l'Homme, 
Madame le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, 
Mesdames, Messieurs les Ministres, 
Excellences, Mesdames, Messieurs,

Le Conseil des droits de l'Homme est un des hauts lieux de la conscience morale de l'humanité. C'est le lieu où la communauté des Nations veille à ce que chacun de ses membres respecte les principes universels de la dignité humaine. Membres des Nations unies, nous croyons que chaque être humain a des droits inaliénables et que chaque État a le devoir de les respecter et de les faire respecter. Et nous reconnaissons, par les pactes qui nous lient, qu'ici est le lieu où chaque État doit rendre compte aux autres de ses actes en la matière.

Aujourd'hui, s'agissant des droits de l'Homme, l'urgence, c'est la Syrie. Le devoir de notre Conseil, c'est d'exprimer la réprobation du monde entier devant les crimes odieux que l'Etat syrien commet contre son peuple.

Nous ne pouvons pas rester silencieux devant la violence et la barbarie de la répression, devant le massacre de tant de civils, de villes bombardées, d'enfants torturés, de blessés achevés dans les hôpitaux, des réfugiés sur les chemins de l'exil. La France ne se taira pas face à ces horreurs que rien – rien au monde ! - ne peut justifier.

L'année dernière, notre Conseil a tenu trois sessions extraordinaires et adopté trois résolutions à propos de la Syrie. L'Assemblée générale des Nations unies, le 19 décembre, puis le 16 février, a exigé à une écrasante majorité la fin des violations des droits de l'Homme et de la violence, et le libre accès de l'aide humanitaire. Elle apporte son soutien au plan de sortie de crise politique de la Ligue arabe. 
À Tunis vendredi, la réunion du Groupe des amis du peuple syrien a rassemblé 80 pays et organisations internationales. Eux aussi ont dénoncé la politique de répression et soutenu fermement le plan de la Ligue arabe. Ils ont également souligné la nécessité de mesures humanitaires urgentes et reconnu le Conseil national syrien comme un représentant légitime des Syriens qui se battent le plus souvent à mains nues pour un changement démocratique.

Madame le Haut-Commissaire,

La Commission d'enquête internationale créée par notre Conseil vient de rendre son rapport. En dépit de l'obstruction de Damas, elle a effectué un travail remarquable, auquel la France rend hommage. Ce rapport est accablant : le régime se rend coupable, à l'encontre de sa population, d'un crime contre l'humanité, comme vous-même l'aviez affirmé il y a deux semaines, devant l'Assemblée générale des Nations unies.

Notre Conseil devra réagir, et se donner quatre priorités :

 Soutenir la commission d'enquête : la France souhaite que son mandat de la commission soit prolongé et qu'elle continue à rassembler les preuves de crimes perpétrés contre la population.

 Exiger l'arrêt des violences et la protection des populations, des journalistes, et de tous ceux qui se lèvent contre l'oppression.

 Faire respecter l'impératif humanitaire. Les autorités syriennes doivent respecter leurs obligations internationales. Nous devons mobiliser l'aide humanitaire et faire en sorte qu'elle parvienne à la population. C'est dans cet esprit que la France a créé un fonds humanitaire d'urgence à destiné au peuple syrien. Nous appelons tous les États à faire de même. Je salue l'annonce d'une mission prochaine en Syrie de Mme Valérie AMOS, Secrétaire général adjointe aux affaires humanitaires et coordinatrice des secours d'urgence. Comme j'ai eu l'occasion de le dire à Tunis, je souhaite que sa mission produise des résultats immédiats.

 Tout faire pour encourager la sortie de crise politique. Le plan de la Ligue arabe du 22 janvier est la seule voie devant nous. Au Conseil de sécurité, le double veto russe et chinois a empêché une action décisive. C'est une faute et l'impuissance du Conseil de sécurité est scandaleuse. Le vote à l'Assemblée Générale constitue une victoire morale et a relancé une dynamique. Je salue aujourd'hui la nomination de Kofi Annan comme Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies et de la Ligue arabe. Il a tout notre soutien. Nous exhortons le gouvernement syrien à comprendre son isolement, comprendre qu'il est dans l'impasse et qu'il doit cesser ce massacre.

Mesdames, Messieurs,

Aucun d'entre nous ne pourra dire qu'il ne savait pas. Aucun d'entre nous ne pourra échapper à ses responsabilités. La France appelle l'ensemble des Etats membres du Conseil des droits de l'Homme à tirer toutes les conséquences du rapport de la commission d'enquête, demain lors du débat en urgence, mais aussi dans quelques jours lorsque notre Conseil débattra de ce rapport. Nous souhaitons qu'une nouvelle résolution, le plus largement soutenue possible, condamne sans ambigüité les exactions du régime syrien qui doivent cesser.

Le jour viendra où les autorités civiles et militaires syriennes, en premier lieu le président Assad lui-même, devront répondre de leurs actes devant la justice internationale. Face à de tels crimes, il ne saurait y avoir d'impunité. 
La communauté internationale doit préparer dès à présent les conditions d'une saisine de la Cour pénale internationale.

L'attention que nous portons aujourd'hui à l'urgence syrienne ne doit pas nous détourner d'autres pays où les droits de l'Homme sont toujours foulés au pied.

Durant cette session, le Conseil des droits de l'Homme sera amené à examiner le rapport présenté par le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme en Iran, conformément au mandat qui lui a été confié l'an dernier.

Dans ce pays, nous le savons, la situation des droits de l'Homme ne cesse de se dégrader depuis juin 2009. Le régime bafoue les droits les plus élémentaires de la population et recourt aux exécutions, parfois publiques, y compris de mineurs, selon des méthodes révoltantes. Les violences contre les manifestants, les personnalités de l'opposition et les journalistes ne cessent de s'intensifier et les arrestations arbitraires se multiplient. Depuis un an, les dirigeants de l'opposition iranienne, M. Mehdi KAROUBI et M. Hossein MOUSSAVI, sont placés en résidence surveillée, au mépris de leurs droits fondamentaux.

Face à cette situation intolérable, le Conseil doit se mobiliser. La France souhaite que le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme en Iran soit renouvelé et appelle les autorités iraniennes à coopérer pleinement et sans délai avec lui.

Mais nous avons aussi des raisons d'espérer.

 Je pense à la Libye et à la Côte d'Ivoire, où la consolidation des droits de l'Homme doit être poursuivie. 
 Je pense aussi au processus d'ouverture et de démocratisation engagé en Birmanie, où je me suis rendu au mois de janvier et où j'ai pu mesurer l'ampleur des changements en cours. Mes échanges avec le gouvernement birman et avec Mme Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, en faveur de laquelle ce Conseil s'est mobilisé à plusieurs reprises, ont renforcé ma conviction : nous devons accompagner le changement birman, en particulier grâce à l'action du Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'Homme en Birmanie.

Au-delà de ces pays prioritaires, je n'oublie pas la vocation générale du Conseil des droits de l'Homme pour l'établissement de normes universelles permettant à tout citoyen de plaider pour le respect de ses droits.

C'est en effet par le droit international que l'on établira à l'échelle du monde cet État de droit qui est le meilleur garant des libertés et de la dignité de chacun. Dans ce domaine, les réalisations du Conseil sont nombreuses et remarquables. Parmi les plus récentes la France insiste sur pour l'universalisation rapide de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

Les accomplissements à venir sont tout aussi importants. La France soutient le combat du Conseil contre toutes les formes de violences, notamment à l'encontre des femmes, et contre les discriminations, qu'elles soient fondées sur l'appartenance religieuse, le sexe, la nationalité, l'origine ou encore, l'orientation sexuelle. Elle combat ardemment pour l'abolition universelle de la peine de mort, ce châtiment qui ne peut être une forme de justice et dont nous espérons la disparition progressive.

Mesdames, Messieurs,

Le progrès des droits de l'Homme est une obligation de chaque instant et pour chaque pays, y compris, et avant tout, sur son propre sol. Nul ne doit faire preuve de négligence en ce domaine. La France passera, comme elle le doit, son examen périodique universel début 2013.

Elle continuera naturellement à s'engager en appui du Conseil. C'est dans cet esprit qu'elle a décidé – je vous le confirme aujourd'hui - de présenter sa candidature pour les élections de 2013.

Madame le Haut-Commissaire,

Avant de conclure, permettez-moi de vous rendre hommage et de rendre hommage au Haut Commissariat, qui sous votre autorité, fait preuve d'un engagement exemplaire, dénonçant sans relâche les violations des droits de l'Homme partout dans le monde. Il apporte également sur le terrain une assistance souvent décisive à tous ceux qui sont attachés à faire progresser ces droits.

Je tiens à saluer votre travail, à vous redire le soutien de mon pays et à réaffirmer que la France, patrie des droits de l'homme, reste fidèle au serment de 1789, fondement de l'idéal républicain qui donne à notre nation sa vocation et sa fierté.

Je vous remercie./.

h


J.T.Khoreich

mardi 28 février 2012

Les chrétiens d’orient et les printemps arabes

Les chrétiens d'orient et les printemps arabes

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Si des interrogations persistent sur l'avenir, je veux dire aux chrétiens d'Orient qui sont dans bien d'autres pays que ceux que j'ai cités (notamment en Israël et dans les Territoires palestiniens) que la France ne les abandonnera pas.
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Tribune d'Alain Juppé publiée dans La Croix (28 février 2012)

Les chrétiens d'Orient sont inquiets.
Inquiets pour la pérennité de leur présence dans une région qui est leur région depuis 2000 ans.
Inquiets pour le respect de leurs droits dans un contexte de bouleversements majeurs.
Inquiets face à la montée des tensions liées au confessionnalisme.

Je veux leur dire que j'entends, que je comprends leurs craintes.
Depuis des siècles, la France est investie d'une mission particulière à l'égard des chrétiens d'Orient.
Elle ne s'y dérobera pas.
C'est bien pourquoi, dès janvier 2011, le Président de la République fixait le cadre de notre politique en soulignant que le destin des chrétiens d'Orient symbolise « bien au-delà de l'Orient, les enjeux du monde globalisé dans lequel nous sommes entrés de façon irréversible ».
Notre vision est claire : il ne peut y avoir de révolution démocratique authentique sans protection des personnes appartenant aux minorités.
Les chrétiens d'Orient ont vocation à rester dans leur région.
Ils ont vocation à participer à la construction de son avenir comme ils l'ont toujours fait pour son passé.
La question n'est pas nouvelle. Elle est multiséculaire.
Mais elle se pose avec une acuité accrue depuis quelques années.

La France a, d'abord, manifesté sa vigilance en adressant des messages clairs aux Etats concernés, qui sont les premiers responsables de la sécurité de leurs citoyens. La France s'est également mobilisée pour que le Conseil affaires étrangères de l'Union européenne du 21 février 2011 condamne les violences contre les chrétiens, et pour qu'une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité des Nations Unies leur soit adressée le 10 novembre 2010 suite à l'attentat de Bagdad.

- De fait, les chrétiens d'Irak ont payé un lourd tribut au cours des dernières années. Nous avons exprimé notre solidarité par l'accueil sur notre sol depuis 2008 de plus de 1300 d'entre eux et par l'évacuation sanitaire des personnes blessées lors de l'attentat contre la Cathédrale Notre Dame du Salut de Bagdad le 31 octobre 2010 en particulier.
- En Egypte, les coptes occupent une place particulière, enracinés dans la longue histoire du pays, ils ont souffert de violences, d'exactions, de discriminations ces dernières années, comme l'a montré le sinistre attentat contre l'église d'Alexandrie en 2011.
Mais les coptes se sont également engagés dans la vie politique de leur pays comme jamais auparavant depuis la révolution, ils ont participé aux élections, ils veulent être écoutés et contribuer avec leurs concitoyens à la transition démocratique du pays.
Le Parlement égyptien nouvellement élu a fait part de son engagement à garantir les droits des coptes : nous comptons sur son action décisive.
- Au Liban, la coexistence entre plusieurs minorités est une réalité. Mais ce modèle doit être sans cesse préservé afin de répondre à différentes tentatives de remises en cause. Tous les acteurs de la société et de vie politique libanaise ont la responsabilité d'y veiller.
Comme le Président de la République l'a affirmé à Sa Béatitude Béchara Raï, Patriarche maronite, lors de sa visite officielle à Paris en septembre dernier, la meilleure protection pour les chrétiens d'Orient et la véritable garantie de la pérennité de leur présence résident aujourd'hui dans l'instauration de la démocratie et de l'Etat de droit dans les pays arabes.

C'est pour cela que nous recommandons aux chrétiens du Proche-Orient de ne pas se prêter aux manœuvres d'instrumentalisation mises en œuvre par des régimes autoritaires coupés de leur propre peuple.
Je reste très préoccupé par la situation dramatique qui règne en Syrie, par la répression féroce exercée par un régime condamné qui utilise la force militaire contre son propre peuple.
J'appelle de mes vœux une participation des chrétiens, comme de toutes les autres communautés, à la création d'une Syrie nouvelle et démocratique où tous les citoyens auront les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que le chemin sera long et chaotique.
Mais au-delà des risques et des dangers, qu'il ne s'agit pas de nier, les « printemps arabes » offrent une opportunité historique pour les chrétiens d'Orient.
Qui peut croire que les droits des minorités sont mieux protégés par des dictatures sanguinaires que par des régimes démocratiques ?
Qui peut nier que des chrétiens, des kurdes, des druzes, des alaouites, des assyriens aussi, sont assassinés, torturés, emprisonnés, en Syrie ?
Et des signes d'espoir existent dans ce printemps arabe : je souhaite rendre hommage à l'initiative du grand imam d'Al Azhar Cheikh Al Tayyeb, qui a élaboré et publié en janvier dernier un document sur les libertés publiques en Egypte.
Ce texte met l'accent sur la liberté de croyance, la liberté d'expression, la liberté de la recherche scientifique et la liberté de création, y compris de création artistique.
De telles initiatives, qui renforcent le dialogue interreligieux, montrent qu'il est possible de rassembler des sociétés diverses autour de valeurs universelles permettant à tous de coexister harmonieusement.

Si des interrogations persistent sur l'avenir, je veux dire aux chrétiens d'Orient qui sont dans bien d'autres pays que ceux que j'ai cités (notamment en Israël et dans les Territoires palestiniens) que la France ne les abandonnera pas.

Notre confiance dans les révolutions de 2011 s'accompagne d'une vigilance absolue du respect des droits de l'homme, en particulier de ceux des minorités.
J'ai moi-même beaucoup insisté sur cette question lors de mes contacts avec le Conseil national syrien, qui a vocation à rassembler l'opposition syrienne et qui s'est engagé à garantir ces droits.

En Syrie comme ailleurs, l'intérêt des chrétiens d'Orient est d'embrasser des évolutions qui sont à la fois inéluctables et positives.
C'est en s'engageant de manière décidée dans la construction d'une région nouvelle qu'ils protègeront leur avenir, comme l'a réaffirmé le Président de la République devant les autorités religieuses, à l'occasion des voeux le 25 janvier :
« Les chrétiens font partie de l'Histoire de l'Orient ; il ne peut être question de les arracher à cette terre. Les printemps arabes tiendront leurs promesses si les minorités sont respectées. »
Le message que je souhaitais leur adresser est simple : la France a été, est et restera à vos côtés.
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere/le-ministre-d-etat-et-les/alain-juppe/presse-et-media-20656/article/les-chretiens-d-orient-et-les


jtk. khoreich

samedi 17 septembre 2011



Opinion
Un prêtre syrien (ré)écrit à Juppé
Père Elias Zahlaoui
Jeudi 15 septembre 2011
Nous publions ici la deuxième lettre que le prêtre catholique damascène Elias Zahlaoui adresse à Alain Juppé relativement aux événements de Syrie. Nous avions déjà publié sa première missive, fin juin, à peu près de même teneur – le ministre et le gouvernement français n’a hélas depuis pas changé d’attitude ni de mots vis-à-vis de la Syrie (voir notre article « Un prêtre syrien écrit à Alain Juppé« , mis en ligne le 23 juin). Nous doutons qu’Alain Juppé, qui avant d’être un politicien « gaullo-atlantiste » est un monument de suffisance et de bien-pensance, daigne répondre ou même lire cette nouvelle lettre ouverte d’un patriote qui souffre visiblement de voir son pays mis au ban de l’humanité par la sempiternelle coalition de gouvernements alignés sur Washington et de médias alignés sur BHL.
De fait, le père Zahlaoui ne fait pas dans l’euphémisme ou l’allusion perfide : il appelle un chat un chat et les Occidentaux des « esclaves » d’Israël. Son indignation le fait même s’exclamer à un moment : « Pauvre et monstrueux Occident ! » Et nous, qui sommes des Occidentaux, comprenons et partageons dans une large mesure son analyse et son dégoût.
Elias Zahlaoui parle dans sa lettre de la Syrie, mais aussi de la Palestine, de la Libye, de l’Egypte, du Liban, du Soudan, autant de nations arabes qui ont fait et continuent de faire les frais, à des degrés divers, de l’hypocrisie et de l’interventionnisme occidentaux. Il cite comme témoins de son accusation deux dignitaires de l’Eglise catholique, l’Américain Bernard Law, cardinal de Boston, qui avait adressé à Bush, lui aussi, une lettre ouverte cinglante à propos de l’Irak, et un Libanais, Béchara Raï, nouveau patriarche de l’Eglise maronite, qui a tout récemment averti les Occidentaux qu’ils jouaient avec le feu islamiste en Syrie (voir notre article « Le patriarche de l’Eglise chrétienne maronite : « L’Occident doit donner du temps à Bachar »« , mis en ligne le 9 septembre). Peut-on, à ce propos, espérer une déclaration, mesurée, équilibrée, mais plus « offensive »que celle qu’il a déjà faite sur le sujet, du Pape Benoît XVI qui pointerait l’index sur  la désinformation et la déstabilisation dont est l’objet cette très ancienne terre de chrétienté ? Ce serait en tout cas un bon sujet de prières !
Bref, le père Zahlaoui a lancé un cri de désespoir et de déception devant le mensonge institutionnel et institutionnalisé, le genre de lettre qu’un Alain Juppé, sorte d’ »androïde » politicien formaté pour le service du Nouvel Ordre Mondial, ne peut lire et encore moins comprendre. Mais, nous l’avons déjà écrit ici, le mensonge demeure quand même impuissant à changer les réalités. C’est la chance de de la Syrie et de la majorité des Syriens !
Deuxième lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie à
Monsieur Alain JUPPÉ,
Ministre des Affaires Étrangères de la France
Monsieur le Ministre,
Depuis votre nomination au poste de Ministre des Affaires Étrangères de la France, vos déclarations à l’encontre de mon pays la Syrie, sont, pour le moins qu’on puisse dire, sinistres et orageuses. Et hier même, vous avez accusé la Syrie d’être responsable de crimes contre l’Humanité, emboîtant ainsi le pas à votre prédécesseur Bernard KOUCHNER, le valeureux défonceur des droits de l’homme ! Ces graves accusations, vous vous plaisez à les lancer contre la Syrie, chaque fois que vous vous trouvez au coeur de ce boiteux et aveugle Conseil de Sécurité, ou quand vous vous pavanez auprès de Mme Hilary CLINTON.
N’auriez-vous donc été parachuté au Quai d’Orsay, après votre longue disgrâce politique, par on ne sait quelle main mystérieuse, que pour préparer et justifier aux yeux de l’opinion publique, française et internationale, la destruction programmée et définitive de la Syrie, pour bien assurer la survie d’Israël ? Ignorez-vous donc que cette opinion publique, française et internationale, est savamment matraquée par des médias au service aveugle des tout puissants lobbys sionistes ? Ignorez-vous aussi que ces fameuses Instances Internationales, qui ont pour noms Assemblée Générale des Nations-Unies, Conseil de Sécurité et Conseil des droits de l’homme, et consorts, et qui sont censées exister pour asseoir la justice et la paix au niveau du monde, sont, depuis des décades, effrontément manipulées par les États-Unis? Ignorez-vous aussi que ces mêmes États-Unis, leurs présidents en tête, sont, de l’aveu même de chercheurs américains, courageux, comme Paul FINDLEY, Edward TIVNAN, NOAM CHOMSKY, David DUKE, Franklin LAMB, Stephen WALT et John MEARSHEIMER, tenus comme en laisse par le tout-puissant lobby israélien?
La Syrie, dites-vous, est responsable de crimes contre l’humanité.
Mais, dites donc, depuis quand est-il interdit à un pays de défendre son existence propre, ainsi que la sécurité et la dignité de ses citoyens? Cela ne serait-il permis qu’aux puissants de ce monde, comme les États-Unis, la France, l’Angleterre et l’Allemagne, qui s’érigent toujours, en dépit de leur écoeurant machiavélisme et de leurs distorsions sans nombre, en arbitres infaillibles des droits et des légitimités de toute sorte?
En attendant, et surtout depuis les mystérieux événements du 11 septembre 2001, vous prenez prétexte de tout pour justifier l’injustifiable, comme d’envahir et de détruire d’autres pays, comme l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, et tout dernièrement la Lybie, pour en faire à votre façon odieuse, des « paradis » de paix, de droits et de démocratie!
N’est-il pas vrai que vous êtes intervenus en Lybie, pour soi-disant protéger les droits humains des civils, contre un dictateur, que, pourtant, la France et l’Italie n’ont cessé de flatter, et que l’Angleterre et les États-Unis ont fini par chérir! Et vous vous en êtes acquittés en laissant sur le sol de la Lybie, un charnier de 50,000 morts, pour la plupart des civils.
Ah, de quelle « bravoure » vous y avez tous fait preuve, y compris l’aviation israélienne!
Je me dois aussi de signaler que vous avez eu l’intelligence de ne pas toucher aux installations de pétrole, but unique et ultime de votre fameuse « intervention humanitaire »! Étrange « humanisme » que celui des États-Unis, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Italie, digne, il est vrai, de l’Histoire de vos différents pays, toute remplie, sans exception, d’injustices, de charniers et d’horreurs!
Cependant, si, en Occident, vous êtes si sensibles au problème des droits de l’homme, pouvez-vous me dire ce qui vous rend totalement aveugles à ce que fait Israël en Palestine, depuis plus de 60 ans, en décimant systématiquement le peuple palestinien, et en dévorant même la portion de terre, qui lui a été décidée par les fameuses Nations- Unies en 1947?
A ce propos, Monsieur le Ministre, pouvez-vous m’assurer que la France et tous les pays occidentaux, si servilement alignés sur les États-Unis et Israël, ne voteront pas le 20 septembre courant, contre le droit du Peuple palestinien à avoir « sa  » Patrie, si réduite soit-elle ?
Seriez-vous donc aussi, tous en Occident, aveugles et esclaves, pour ne pas oser voir, et dénigrer ce qu’a fait et continue de faire, Israël, sans impunité, au Liban, en Égypte, au Soudan, en Syrie, et même en pleine mer, contre les bateaux venus au secours des habitants de cette immense prison de Gaza, qui groupe un million et demi d’habitants? Par quelle étrange procédure, Israël a pu arracher la langue de tous ces « Grands » de l’Occident, pour s’être privés, durant tant d’années, de lui adresser le moindre reproche, face aux monstrueux et continuels défis qu’il ne cesse de lancer à tout moment, à toutes les lois et conventions internationales, dont l’Occident pourtant est l’auteur?
Pauvre et monstrueux Occident! Savez-vous dans quel gouffre vous vous précipitez, et où vous risquez d’embarquer bientôt le monde entier?
Monsieur le Ministre,
Sachez bien que je ne vous déteste pas. Mais je vous plains. Tout comme je plains avec vous, toute l’Église d’Occident qui devrait crier tout haut, face à de telles distorsions et injustices, comme l’a fait un jour le Cardinal de Boston, Mgr. Bernard LAW, en adressant une terrible lettre ouverte à Mr. Georges BUSH, lettre qui lui a valu d’être démis peu après. Cette Église d’Occident, serait-elle donc réellement morte, comme je vous l’avais dit dans la première lettre ouverte, que je vous avais adressée en date du 9/6/2011?
Et pourtant, ce qui se passe au niveau du monde, et ce qui se commet par les Puissances Occidentales, sont de nature à réveiller les morts. Il a donc fallu la toute dernière visite du Patriarche Maronite en France, Sa Béatitude Béchara Raï, pour dire à la France et à tout l’Occident, à travers la France, sa triste vérité.
Qu’il en soit remercié, au nom de tous les opprimés du monde, surtout les opprimés du Monde Arabe et Musulman.
Pr. Elias ZAHLAOUI
Église Notre-Dame de Damas
Koussour – Damas
Le 8/9/2011
Publié le 15 septembre 2011 avec l'aimable autorisation d'Info Syrie

http://www.palestine-solidarite.org/lettre.Elias_Zahlaoui.150911.htm