Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

mercredi 29 novembre 2017

Moyen-Orient: mettre fin aux guerres en Syrie et en Irak, par le card. Rai

Le patriarche d’Antioche des maronites, le cardinal Bechara Boutros Rai, a lancé un appel à la communauté internationale à mettre fin « aux guerres en Syrie et en Irak, qui n’ont plus de sens si ce n’est de détruire, de faire des victimes et créer des flux migratoires », indique un communiqué de la chaîne de télévision catholique italienne Tv2000 le 27 novembre 2017.
Dans un entretien au Tg2000, le journal radio de Tv2000, le cardinal Rai a aussi appelé à permettre aux réfugiés de retourner « sur leurs terres » : « c’est leur droit civil de conserver leur civilisation, leur histoire et leur identité », a-t-il souligné.
Le cardinal Rai a estimé que « jusqu’ici la communauté internationale n’a regardé que ses propres intérêts économiques et politiques, n’a pas donné signe d’une recherche de paix sincère ».
« Si la communauté internationale veut la paix, a poursuivi le patriarche maronite alors (il faut) qu’elle travaille pour un compromis. Si elle ne veut pas la paix et veut que guerres et conflits continuent d’enflammer le Moyen-Orient, je suis désolé, cette région sera condamnée à ne pas connaître la paix. Il faut résoudre le problème entre Israël et le monde arabe. Il faut de la bonne volonté. »
Le cardinal Rai a particulièrement souligné « le problème du Liban », pays qui était depuis toujours un modèle de cohabitation entre chrétiens et musulmans, et qui risque de se transformer en terrain d’affrontement : « Le problème du Liban et le poids qu’il porte aujourd’hui, a-t-il expliqué, est la présence d’un million sept cents mille réfugiés, plus un demi-million de Palestiniens. La somme est supérieure à toute la population libanaise. Quel pays est si puissant qu’il peut accueillir plus de la moitié de son propre peuple ? C’est un gros problème politique, démographique et économique. Cela paralyse la vie économique du Liban. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall

https://fr.zenit.org/articles/moyen-orient-mettre-fin-aux-guerres-en-syrie-et-en-irak-par-le-card-rai/

Irak: l'archevêque d'Erbil veut aider les chrétiens à rentrer chez eux


La victoire contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak devrait permettre d'accélérer en 2018 le retour des déplacés chrétiens persécutés par les jihadistes, à condition d'accroître l'aide pour reconstruire leurs villages, a déclaré l'archevêque d'Erbil Bashar Warda dans un entretien avec l'AFP.
Les Chaldéens et les Syriaques de la plaine de Ninive, dans le nord irakien, s'inquiètent toutefois encore de la résurgence de nouveaux combats, surtout au moment d'un regain de tensions entre les combattants kurdes et le gouvernement central de Bagdad.
En visite à Washington, celui qui représente l'Eglise catholique chaldéenne dans la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien est venu plaider la cause de sa communauté pour que l'administration du président Donald Trump tienne sa promesse de l'aider plus directement.
"Il ne s'agit pas de les aider seulement parce qu'ils sont chrétiens, mais parce qu'ils ont été persécutés et abandonnés. C'est une juste cause", a-t-il dit à l'AFP en saluant la nouvelle position des Etats-Unis.
Le vice-président américain Mike Pence a annoncé fin octobre que l'aide américaine irait plus directement aux chrétiens et Yazidis en Irak, sans forcément passer par les Nations unies. Pour mettre cette promesse en musique, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Nikki Haley a demandé la semaine dernière qu'une partie de la contribution américaine au Programme de développement de l'ONU (Pnud) soit affectée en priorité à ces minorités religieuses.
- 'Changer les mentalités' -
"Nous avons souffert plus que d'autres", a justifié l'archevêque d'Erbil. "Les chiites ont le soutien du gouvernement central" et "de l'Iran", "les sunnites ont aussi le soutien des gouvernement sunnites de la région, ce qui est très bien car cela les aide à reconstruire leurs maisons et leurs villes".
"En tant que chrétien, qu'archevêque, je dois chercher du soutien pour notre communauté", a ajouté Mgr Warda. "Il ne s'agit pas seulement de soutien financier, mais aussi d'éveiller les consciences, défendre la cause des chrétiens victimes d'un génocide".
Dans son entourage, on estime que les Etats-Unis ont toujours aidé par le passé les peuples victimes de "génocide", mais ont échoué jusqu'ici à en faire autant avec les chrétiens d'Irak. "La proposition du vice-président Pence renoue avec la tradition américaine", se réjouit-on.
L'EI avait fait massivement fuir ces dernières années les membres de l'une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde.
Bashar Warda "espère" que 2018 sera l'année du retour des déplacés dans leur foyer. "Le plus tôt sera le mieux", a-t-il affirmé, soulignant que le mouvement a déjà commencé au fur et à mesure que les jihadistes étaient chassés de Mossoul et d'autres territoires.
Mais, outre la reconstruction qui prendra du temps, d'autres obstacles subsistent.
Dans certains quartiers de Mossoul, a-t-il expliqué, "des chrétiens ont fait part de leurs inquiétudes au sujet de la sécurité". "On a battu l'EI militairement mais son idéologie est encore là", il faut "changer les mentalités", a fait valoir l'homme d'Eglise.
Les combats entre forces kurdes et irakiennes qui ont éclaté après le référendum contesté pour l'indépendance du Kurdistan irakien risquent aussi, à ses yeux, de "ternir la réputation" de cette région autonome considérée jusqu'ici comme un refuge pour les chrétiens et de ralentir de retour des déplacés chez eux.
Tout en insistant sur le fait qu'il s'agit d'un problème "politique", Mgr Warda suggère que les chrétiens peuvent aider à apaiser les tensions, prenant l'exemple d'un conflit local entre Kurdes et gouvernement central qui a été évité, dans un village, grâce à une médiation de l'Eglise.

“Les chrétiens sont des acteurs historiques au Proche-Orient“

PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE FRANCQ publié le 27/11/2017

S’ils font souvent l’actualité pour des raisons tragiques, les chrétiens du Proche-Orient sont méconnus. Balayant les idées reçues, l’historien Bernard Heyberger nous éclaire sur ces communautés.
Pris dans les tensions du Proche-Orient, ils font figure de fusibles pour des conflits qui ne les concernent pas directement. Par leur appartenance religieuse et après des siècles de protectorat français, les chrétiens d’Orient apparaissent dans l’Hexagone comme des proches méconnus dont les malheurs à répétition éveillent émotion et compassion. Un coup d’œil dans le rétroviseur montre pourtant des minorités, certes parfois malmenées, mais cependant actives dans la vie intellectuelle, spirituelle, artistique, sociale et politique de la région. Aussi, avant de remonter le fil du passé, nous avons demandé à l’un de leurs meilleurs connaisseurs de nous aider à mieux cerner leurs différentes communautés. Historien, Bernard Heyberger a fait paraître en 2017 les Chrétiens d’Orient dans la célèbre collection Que sais-je ?


Qui appelle-t-on les « chrétiens d’Orient » ?
En fait, je n’aime pas ce titre. Il y a dans cette expression une projection, un imaginaire de l’Orient, et le meilleur préalable à l’approche de ces communautés est de mettre un peu de distance et de casser cet imaginaire pour mieux apprécier la réalité. La plupart des Français qui s’intéressent aux chrétiens d’Orient sont des catholiques qui croient opérer ainsi un retour aux sources ; comme s’ils pouvaient retrouver au Proche-Orient un christianisme « pur », à travers ceux qui ont toujours été là et sont dépositaires du christianisme des origines. Ce discours, que les Orientaux eux-mêmes ont en partie intégré et servent à ceux qui viennent les rencontrer, est peu tenable. Les habitants actuels du Proche-Orient ne vivent pas aux premiers siècles de notre ère. Dernièrement, le moine qui m’accueillait au monastère Saint-Antoine du désert était en permanence interrompu par les -sonneries de ses quatre -téléphones portables.
Comment expliquez-vous la permanence de ce mythe des origines ?
Au début du XXe siècle, les paysages étaient intacts, les moyens de locomotion et les vêtements, inchangés. En croisant les Bédouins de Transjordanie, les voyageurs croyaient être transportés à l’époque du Christ. Quand ils visitaient les tribus chrétiennes, les dominicains de Jérusalem pensaient y apprendre quelque chose de la Bible qu’ils étaient venus étudier sur place (création de l’École biblique de Jérusalem, ndlr). Aujourd’hui, prétendre retrouver les traces du mode de vie du Christ au Proche-Orient relève du fantasme. Cela tient à l’histoire que la France entretient, depuis François Ier, avec ceux que certains catholiques français continuent d’appeler les « chrétiens d’Orient », c’est-à-dire les catholiques orientaux. Certains inventent même une histoire commune qui serait née avec -Charlemagne ; d’autres citent la lettre de Saint Louis aux maronites, qui est un faux inventé au XIXe siècle – sans doute écrit par Lamartine puis traduit en arabe. En revanche, il est vrai que les massacres de Damas et du Mont-Liban de 1860 ont provoqué une forte mobilisation en France pour les maronites et les grecs-catholiques, et pas seulement de la part des catholiques : j’ai retrouvé la trace de l’appel d’un rabbin alsacien incitant sa communauté à se cotiser pour ces chrétiens. Adolphe Crémieux (sénateur juif de la IIIe République, ndlr) a lui-même mobilisé l’opinion. Car si le maronite apparaît alors comme le bon paysan pieux que le XIXe siècle se plaisait à l’imaginer, il règne aussi l’idée que la France doit prendre sa place dans la région et ne pas la laisser aux Russes ou aux Anglais. N’oublions pas qu’une guerre a failli éclater entre la France et l’Angleterre à ce sujet quelques années auparavant.
La solidarité aurait-elle donc caché un intérêt colonial, du moins géopolitique.
Un colonialisme certes, mais pas au sens actuel. Contrairement aux Algériens, les Arméniens et les maronites disent alors aux Français : « Venez nous coloniser. Vous pourrez compter sur nous : nous serons les soldats de la présence française en Orient. » On raconte alors que les maronites ont porté assistance à -Bonaparte, à Acre. Ce qui est faux. C’est difficile à dire aujourd’hui, mais ce sont les chiites du Liban du Sud qui lui ont porté secours. Le XIXe siècle réécrit ainsi les relations de la France avec le Proche-Orient, à travers sa nostalgie des croisades et en valorisant des épisodes glorieux au détriment de tout ce qui la dessert. Du fait du poids de la presse et de l’opinion, les idées se diffusent alors très vite. C’est ainsi que l’histoire des malheurs, en partie inventés, de l’évêque de Maaloula, Grégoire Ata et de sa communauté, racontée par Alexandre Dumas qui l’avait rencontré à Paris, remporte un vif succès. À la même époque, l’Œuvre d’Orient est fondée. Il s’agit d’une institution catholique pour des catholiques, mais néanmoins dans le droit fil de la politique de Napoléon III. Car, et c’est une autre originalité du XIXe siècle, l’État pense que la mission civilisatrice de la France passe par les catholiques. Cela explique qu’à partir de 1880 et l’interdiction des congrégations par la IIIe République, le Proche-Orient deviendra un refuge pour les religieux et connaîtra une incroyable densité d’écoles catholiques françaises.
Ailleurs dans le monde, on ne parle donc pas de « chrétiens d’Orient » ?
Non. Tout à leur fantasme d’une proximité entre anglicanisme et orthodoxie byzantine, les Anglais parlent de « chrétiens orthodoxes », tout comme les Russes. Ceux-ci affirment une orthodoxie de toujours, englobant des communautés implantées de Damas à Moscou dans un même ensemble « chrétiens -orthodoxes ». En fait, pour de nombreux Français, les chrétiens d’Orient sont d’abord les catholiques de Syrie, au sens de Grande Syrie, c’est-à-dire les grecs-catholiques et les maronites, et puis toutes les communautés catholiques : les syriaques catholiques, les arméniens catholiques et les Coptes catholiques, très minoritaires parmi les Coptes et mal connus en France, la plupart étant anglophones depuis la colonisation anglaise. Il y avait bien un noyau chrétien francophone en Égypte, mais il était moins composé de Coptes que de Syro-Libanais d’Égypte et de latins, et Nasser les a fait partir.
Réserver le terme de chrétiens d’Orient aux catholiques est donc inexact.
N’entendre que catholiques et francophones dans le terme « chrétiens d’Orient » est réducteur. Tous les chrétiens ne sont pas catholiques au Proche-Orient. Il faut aussi se garder d’une sorte de compassion à la limite de la condescendance qui s’applique trop souvent à l’expression « chrétiens d’Orient ». Il ne faut pas oublier que les chrétiens du Proche-Orient sont aussi des acteurs de l’histoire de leur région et pas seulement des victimes, il suffit de citer leur rôle dans la Nahda, la modernisation de la société arabe. Aussi, pour bien les comprendre, il faut se demander ce que signifie être Copte ? Maronite ? Melkite ? Ce qui n’a d’ailleurs pas la même signification pour qui vit dans le pays ou fait partie de la diaspora. Car tous les citoyens des pays du Proche-Orient sont assignés à une identité religieuse par la constitution de leur pays, puisqu’il existe toujours dans ces États une organisation en millet, c’est-à-dire en communautés. L’état civil étant géré par les Églises, tout individu se retrouve inscrit à sa naissance dans une communauté. Ensuite, les -systèmes de solidarité et d’éducation sont confessionnels.

Aujourd’hui encore ?



Tout à fait. Par exemple, quand je vais à Beyrouth, je loge généralement à proximité de l’hôpital orthodoxe, qui lui-même se trouve proche de l’hôpital catholique francophone. Dans certains pays, on constate d’ailleurs que des institutions chrétiennes perdurent même quand il n’y a plus de fidèles ; par exemple en Palestine, où les chrétiens ont quasiment disparu, il reste encore de nombreux hôpitaux et écoles chrétiens. Inversement, si l’on regarde une carte des institutions chrétiennes dressée en 1911 pour le sultan ottoman, on voit que les écoles et les hôpitaux chrétiens dans l’Empire ne coïncident pas avec la localisation des communautés, car certains villages 100% chrétiens n’y figurent pas.
Tenter de cerner ces communautés et de retracer leur histoire relève donc du casse-tête.
En fait, cela peut paraître assez simple dès lors que l’on décide de partir des institutions, d’y assigner les personnes et de les suivre à travers les siècles. On peut ainsi raconter l’histoire en la découpant en chapitres, du type : les maronites des origines à nos jours, les Coptes des origines à nos jours, et ainsi de suite avec les Grecs et toutes les communautés. Je m’inscris en faux contre cette méthode. Bien sûr, ces populations sont toutes à peu près dans les mêmes situations de minorité après la conquête musulmane. Mais une grande partie de leur histoire s’explique aussi par leurs propres interactions. En étudiant, par exemple, la pratique des jeûnes chrétiens orientaux, j’ai cherché si le ramadan avait une influence sur eux, en vain. Mais j’ai découvert des textes du Moyen Âge où, parmi les chrétiens, les uns affirment que les autres commettent un péché parce qu’ils ne suivent pas les mêmes règles de jeûne et d’abstinence qu’eux.
Les rivalités entre les Églises n’auraient donc pas attendu l’islam.
Certes, et elles ont perduré après la conquête. Des questions telles que celle du jeûne sont moins théologiques qu’identitaires, mais elles permettent aux communautés de se distinguer à travers les pratiques. Traditionnellement, quand on aborde les origines de ces communautés, on les distingue par leurs querelles théologiques, mais elles se sont séparées aussi sur d’autres points. Le problème des hérésies et des schismes se pose au début du IVe siècle, au moment où Constantin décide que le christianisme sera la religion de l’Empire. On installe alors des évêques et on fixe un dogme unifié pour toutes les Églises. Les chrétiens se divisent alors entre ceux qui adhèrent à la religion de l’empereur et ceux qui la refusent.
Et c’est ainsi que les différences vont finalement devenir des fractures.
Les chrétiens de Perse, qui sont du côté de l’ennemi, refusent en effet de s’aligner. Ils vont ainsi former la première Église dissidente, l’Église de Ctésiphon, composée de nestoriens, ou assyro-chaldéens. Après les premiers conciles, de Nicée à Chalcédoine, où il est question de préciser le dogme et de l’imposer, la querelle théologique se double d’une querelle politique. Jusque-là, les deux grandes capitales chrétiennes étaient Antioche et Alexandrie. Mais en même temps que l’on fixe le dogme à Chalcédoine, on décide que Constantinople passe devant Alexandrie. Du coup, l’Église d’Égypte, qui est très puissante, se rebiffe, ce qui crée l’autre grande division des origines.
L’islam a-t-il accentué le morcellement des chrétiens ?
Le pouvoir musulman maintient les divisions, ou plutôt, favorise tantôt telle communauté et tantôt telle autre. Plus qu’un jeu pervers, il s’agit le plus souvent d’arbitrer les différends. On trouve en effet des formules telles que « Tous les chrétiens forment une milla (communauté) », ce qui signifie « leurs querelles ne nous concernent pas ». Ainsi, à l’époque ottomane, l’impôt dû par les chrétiens est un impôt de répartition, chaque communauté devant s’acquitter d’une part du montant exigé. Or, à Alep par exemple, la milla était composée de grecs, de syriaques, de maronites, d’arméniens et de quelques nestoriens. Ce qui a donné lieu à des querelles sans fin, et poussé parfois des chrétiens incapables de s’acquitter de leur impôt à passer à l’islam afin de ne plus y être assujetti.
Les chrétiens – et les juifs – ont donc été victimes de la conquête islamique.
Pour rappel, avant d’être conquises par les Arabes, ces terres l’ont déjà été par les Perses qui les occuperont pendant une vingtaine d’années. Ensuite, il semblerait qu’au premier siècle de l’hégire, les Arabes ne se soient guère préoccupés d’islamiser. L’image des hordes de Bédouins mettant fin à la civilisation romaine est donc inventée. Les récents travaux des historiens ont montré que les villes byzantines dépérissaient déjà au Ve siècle. Les diverses transformations écologiques et sociales à l’œuvre vont préparer le terrain de la conquête au VIIe siècle. Ensuite, l’islamisation du Proche-Orient sera progressive : le nom de Mahomet est apparu pour la première fois vers 700, 80 ans environ après la conquête. Et les premières inscriptions que l’on a trouvées en arabe sont chrétiennes. La disparition des images sur les monnaies date seulement de 720. Ce n’est qu’entre les VIIIe et IXe siècles que l’islam se formalise, avec la rédaction de la vie du Prophète et des premiers recueils de hadith. L’histoire même de la conquête, officielle, se forge alors. Les images sont interdites, les califes prennent le titre de commandeur des croyants et imposent l’arabe comme langue officielle. Des phrases antichrétiennes du Coran sont alors gravées sur le Dôme du Rocher, à Jérusalem. L’islam se cristallise et devient plus visible, mais cela passe davantage par le fait de couvrir le paysage de tombeaux de saints musulmans et de mosquées que par les conversions.
La réalité historique est donc moins sombre qu’on le croit parfois.
Qui est conquis est toujours victime et, passant du statut de majorité à celui de minorité, les chrétiens ont été pénalisés. Mais leur cohabitation avec les musulmans ne se résume pas à cela. À la cour des Abbassides, au IIIe siècle de l’hégire, les nestoriens ont une position privilégiée et n’ont jamais eu autant d’évêchés et de métropolites. Pour ce qui est du statut des minorités, la charia est moins un code de droit qu’un recueil de prescriptions qui ne s’appliquent jamais à la lettre. Quant au pacte d’Umar, qui ne date que du XIe siècle – une liste de prescriptions discriminatoires pour les chrétiens et les juifs – on peut dire que jamais ces règles ne se sont appliquées simultanément. Les crises n’ont pas manqué toutefois, et, c’est une caractéristique des sociétés islamiques d’hier comme d’aujourd’hui, chaque fois qu’un souverain est confronté à des problèmes de légitimité ou à un soulèvement populaire – mené en général par les oulémas qui prêchent un retour à l’islam et à la charia –, il confisque une église ou ferme les débits de vin. Mais cela s’est toujours régularisé, d’une façon ou d’une autre. Ainsi, à Alep, on trouve des textes du XVIIIe siècle imposant des règles discriminatoires pour les bains, etc. Mais il s’agissait d’une « avanie », dont les chrétiens obtenaient la levée contre de l’argent.
Actuellement, c’est leur maintien dans la région qui est en question.
C’est un fait. Mais les menaces qui pèsent sur eux visent aussi quiconque, au Proche-Orient, s’oppose au fondamentalisme islamique. C’est pourquoi défendre le maintien des chrétiens dans cette région qui est la leur, c’est défendre le pluralisme au Proche-Orient. Pour autant, il ne faut pas confondre la solidarité envers les chrétiens avec un rejet des musulmans. Gare à l’instrumentalisation politique, notamment de la part de l’extrême droite, des malheurs de ces minorités pour mieux alimenter l’islamophobie. C’est méconnaître leur rôle historique et les mettre en danger. C’est les mépriser aussi, en les réduisant à des victimes passives dont le sort ne dépendrait que de l’intervention extérieure.

Hors Série La Vie : Chrétiens d'Orient
Pris en tenaille dans les conflits actuels, les chrétiens d’Orient ont vécu ces dernières années un véritable calvaire, dans ce grand Proche-Orient qui a été le berceau des premières communautés de disciples de Jésus. Ce hors-série retrace le destin des différentes communautés évangélisées, dès l’aube du christianisme, en Egypte et dans les actuels Liban, Israël-Palestine, Syrie, Jordanie et Irak. Remontant le temps, à travers les hauts lieux de la spiritualité et les grandes figures religieuses et intellectuelles, ce sont deux mille ans d’une civilisation riche et plurielle, qui a joué un rôle majeur dans le développement politique, culturel, social et religieux de cette région du monde, à laquelle nous rendons hommage.. 6,90€, à commander sur notre boutique.
 À lire
Les Chrétiens d’Orient, de Bernard Heyberger, Que sais-je ?, PUF, 2017.
Les Chrétiens au Proche-Orient. De la compassion à la compréhension, de Bernard Heyberger, Payot, 2013.


lundi 27 novembre 2017

IRAQ - Approbation d’un projet de loi autorisant les aides aux « milices chrétiennes » au Proche-Orient de la part du Congrès américain

IRAQ - Approbation d’un projet de loi autorisant les aides aux « milices chrétiennes » au Proche-Orient de la part du Congrès américain
 
Washington (Agence Fides) – Désormais les Etats-Unis pourront aider directement les milices et groupes armés d’autodéfense organisés par des chrétiens au Proche-Orient, à commencer par ceux de la plaine de Ninive. La nouvelle a été reprise et mise en évidence par le Clarion Project, groupe de pression ayant son siège à Washington et financé au travers de donations de dizaines de milliers d’USD. Sa fonction spécifique est de sensibiliser l’opinion publique mondiale contre les « dangers de l’extrémisme islamique ». Selon ce qu’indique le groupe en question, le Congrès américain a adopté un amendement au National Defense Authorization Act 2018 qui demande au gouvernement irakien d’assurer une fourniture en munitions et équipements de défense aux groupes sunnites, kurdes et chrétiens, y compris les groupes minoritaires de la pleine de Ninive, ajoutant que, désormais, les Etats-Unis fourniront eux aussi, directement, « des armes, de l’entraînement et des matériels adéquats aux éléments soumis au Conseil de la plaine de Ninive ». Le Clarion Project indique également que ce même projet de loi adopté par le Congrès américain prévoit pour l’année 2018 la mise en place de 1,3 milliards d’USD de crédits dans le cadre d’aides militaires destinées à l’armée irakienne, aux milices peshmergas de la Région autonome du Kurdistan irakien ainsi qu’aux milices locales organisées sur base ethnique et religieuse.
Le Clarion Project revendique le fait d’avoir contribué par ses activités à l’approbation de cet amendement qui sera maintenant soumis à la signature du Président, Donald J. Trump.
Le 21 novembre dernier (voir Fides 23/11/2017), dans le cadre d’une rencontre qu’elle a eu avec le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le représentant permanent des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, avait confirmé l’intention de l’Administration américaine d’attribuer aux chrériens, aux yézidis et autres groupes religieux minoritaires présents en Irak une partie des fonds jusqu’ici versés par les Etats-Unis aux programmes de développement organisés et gérés par les agences liées à ,l’ONU. Cette décision avait été annoncée par le Vice-président des Etats-Unis, Michael Pence, le 25 octobre dernier (voir Fides 27/10/2017), en intervenant au dîner annuel de solidarité avec les chrétiens du Proche-Orient organisée à Washington par l’organisation américaine « En défense des chrétiens ». « Nous ne nous remettrons plus seulement aux Nations unies pour aider les chrétiens persécutés et les minorités » avait déclaré Michael Pence, indiquant que les agences fédérales « travailleront aux côtés des groupes de foi et des organisations privées pour aider ceux qui sont persécutés à cause de leur foi ».
Lors d’un récent entretien, le Patriarche de Babylone des Chaldéens, S.B. Louis Raphaël I Sako, avait fait remarquer que « au cours de ces dernières années, au Proche-Orient, les chrétiens ont enduré des injustices, des violences et le terrorisme. Cependant, cela a été le cas aussi pour leurs frères irakiens musulmans et pour ceux d’autres fois religieuses. Il ne faut pas séparer les chrétiens des autres parce que de cette manière, la mentalité sectaire est alimentée ». (GV) (Agence Fides 27/11/2017)

dimanche 26 novembre 2017

Raï présente au pape un rapport détaillé de sa visite en Arabie saoudite


OLJ 26-11-2017-Le patriarche maronite, Béchara Raï, qui a été reçu hier au Vatican par le pape François, a présenté au souverain pontife un rapport détaillé de sa récente visite en Arabie saoudite. L'entretien entre Mgr Raï et le pape François intervient au lendemain de l'annonce du gel de la démission du Premier ministre Saad Hariri, annoncée le 4 novembre depuis Riyad, où le prélat s'était rendu lors d'une visite remarquée alors que les rumeurs sur la liberté de mouvement de M. Hariri s'épaississaient. Mgr Raï a évoqué avec le pape le retour au Liban de Saad Hariri, dans la nuit de mardi à mercredi, un retour qui selon le chef de l'Église maronite a suscité une grande joie à l'occasion de la fête de l'Indépendance.

Selon la chaîne LBCI, le chef de l'Église maronite a remercié le pape pour son « soutien constant au Liban et sa prière pour le pays », lors de l'Angélus, dimanche dernier. Mgr Raï a ensuite informé le pape de ses entretiens avec le roi Salmane d'Arabie, le prince héritier Mohammad ben Salmane et M. Hariri. Selon le bureau de presse du patriarche, l'entretien entre le prélat maronite et le pape a également porté sur l'importance du rôle du Liban au niveau du dialogue islamo-chrétien et en tant qu'élément stabilisateur dans la région et lieu de dialogue entre les civilisations et les religions, et que, pour cela, le pays « devrait être tenu à l'écart des conflits ». Béchara Raï a enfin évoqué le poids « considérable » des déplacés syriens au Liban, sachant que plus d'un million d'entre eux se trouve au pays du Cèdre en raison du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011.
Le pape a, pour sa part, exprimé son « affection » pour le Liban et les Libanais et leur a adressé sa bénédiction et ses prières.
Sur un autre plan, le patriarche maronite a reçu l'ambassadrice américaine au Vatican, Callista Gingrich. La rencontre a porté sur les développements au Moyen-Orient et sur le rôle que peuvent jouer les États-Unis pour préserver le Liban des retombées négatives des crises dans la région. La question des réfugiés syriens et du poids qu'ils représentent pour le pays a également été abordée.

*https://www.lorientlejour.com/article/1085796/rai-presente-au-pape-un-rapport-detaille-de-sa-visite-en-arabie-saoudite.html
*https://www.cath.ch/newsf/pape-francois-liban-rester-message/

Le Pape salue le rapprochement des Églises catholique et assyrienne




En effet, après la déclaration christologique de 1994 dans le cadre du chemin œcuménique, ce texte représente un nouveau rapprochement entre les deux Églises. Ainsi, «aujourd’hui nous pouvons regarder avec encore plus de confiance l’avenir» s’est réjoui le Saint-Père, car ce travail commun rapproche du jour «où nous aurons la joie de célébrer au même autel la pleine communion dans l’Église du Christ».
Parmi les aspects de cette déclaration commune, le Pape a mis en avant le signe de croix «symbole explicite d’unité entre toutes les célébrations sacramentelles», car il invite à «se souvenir des sacrifices vécus en union avec ceux de Jésus et de ceux qui portent encore aujourd’hui sur leurs épaules une lourde croix».
Le signe de croix rappelle les plaies du Christ, insiste François, des plaies remplies de lumière par la résurrection. Ainsi, les blessures des chrétiens, même celles ouvertes, «quand elles sont traversées de la présence vivante de Jésus et de son amour, deviennent lumineuses et deviennent des signes de la lumière pascale dans un monde enveloppée de tant de ténèbres».
Prier pour les chrétiens d’Orient persécutés
Pour illustrer son propos, le Pape a ainsi évoqué «les persécutions et les violences brutales perpétrées au nom des extrémismes fondamentalistes» dont sont victimes l’Église assyrienne d’Orient et les autres Églises de la région. Ces conflits sont à l’origine de «déserts culturels et spirituels». Il a aussi tenu à rappeler «le violent séisme» qui a frappé la région le 12 novembre «à la frontière entre l’Irak, où est née l’Église assyrienne, et l’Iran, où se trouve aussi cette communauté depuis longtemps, tout comme en Syrie, au Liban et en Inde».
Le Pape a alors invité à prier pour que les chrétiens de ces terres puissent œuvrer au «patient travail de reconstruction après tant de dévastation, dans la paix et dans le plein respect de tous». Rappelant que «dans la tradition syriaque, le Christ sur la croix est représenté comme un bon docteur et une médecine de vie», François conclut en demandant «de guérir complètement nos blessures du passé et celles, nombreuses, qui dans le monde d’aujourd’hui sont ouvertes par les désastres des violences et des guerres».


http://fr.radiovaticana.va/news/2017/11/24/le_pape_salue_le_rapprochement_des_%C3%A9glises_catholique_et_assyrienne/1351012

Exclusif : le témoignage du curé de la ville martyre de Maaloula en Syrie

Présent pour quelques jours en France, le père Toufic Eïd est passé par les studios de TV Libertés pour témoigner de la renaissance du village martyr de Maaloula en Syrie. Un entretien exclusif sur la capacité de résistance des chrétiens d’Orient et une belle leçon pour les chrétiens d’Occident !

https://www.ndf.fr/poing-de-vue/26-11-2017/exclusif-le-temoignage-du-cure-de-la-ville-martyre-de-maaloula-en-syrie/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+ndf-fr+%28Nouvelles+de+France%29

vendredi 24 novembre 2017

https://fr.zenit.org/articles/liban-le-pape-recoit-le-patriarche-maronite-le-card-bechara-boutros-rai/

Zenit 23-11-2017

Le pape François a reçu le patriarche maronite, le cardinal Béchara Boutros Raï, ce jeudi matin, 23 novembre 2017, au Vatican.
Le cardinal libanais a été reçu en Arabie saoudite, portant bien visiblement sa croix pectorale, y compris lors de sa rencontre avec le prince héritier Mohamed bin Salman, le 13 novembre.
Une visite d’autant plus importante dans le contexte international de la recherche de la paix en Syrie (avec plus d’un million de réfugiés au Liban), de la crise politique au Liban – dimanche dernier le pape a lancé un appel en faveur du Liban –, et au lendemain de la visite d’un ministre saoudien au Vatican alors que l’Arabie Saoudite n’entretient pas encore de relations diplomatiques avec le Saint-Siège mais joue un rôle important dans la région.
« Je renouvelle à la communauté internationale un appel affligé à engager tous les efforts possibles pour favoriser la paix, en particulier au Moyen-Orient », a déclaré le pape, le 19 novembre, après l’angélus. Le pape a aussi adressé « une pensée spéciale au cher peuple libanais » : « Je prie pour la stabilité du pays, afin qu’il puisse continuer à être un “message” de respect et de coexistence pour toute la Région et pour le monde entier. »

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22-11-2017- ستقبل البابا فرنسيس صباح اليوم 22 تشرين الثاني 2017 قبيل المقابلة العامة مع المؤمنين ممثلاً من المملكة العربية السعودية بحسب ما أفادت الزميلة أنيتا بوردان من القسم الفرنسي لوكالة زينيت.
إنها مقابلة طلبها الجانب السعودي وقام بها السيد عبدالله بن فهد العيدان الوزير الاستشاري في القضايا المسلمة في المملكة العربية السعودية.
رافق الوزير السعودي حوالى 15 شخصًا من بينهم امرأة متّشحة باللون الأسود ويضفي على ردائها زخرفات بيضاء وهو بروتوكول وضعه الفاتيكان أثناء المقابلات مع البابا. وبحسب وكالة روم ريبوتسRome Reports التي صوّرت وصول الوزير إلى الفاتيكان، عبّر هذا الأخير عن “إعجابه وتقديره للبابا”. شكره البابا مرحّبًا به ومعبّرًا عن “فرحه” بلقائه، “جد سعيد”.
عبّر البابا باللغة الإيطالية ثمّ ترجم أمينه سرّ المصري المونسنيور يوهانس غيد، كاهن قبطي، الذي شارك معهما في اللقاء: “لقد نسيت اللغة العربية لذا أنا بحاجة إلى مترجم”. ثم تبادلا الهدايا وانتهى اللقاء مع أخذ الصورة التذكارية مع البابا برفقة الوفد المؤلّف من 14 شخصًا.
إنّ هذا اللقاء يبدو بالغ الأهمية ضمن الإطار الدولي في البحث عن السلام في سوريا والأزمة في لبنان وكان قد أطلق البابا يوم الأحد الفائت نداءً من أجل اللبنانيين قائلاً: “أنا أجدد ندائي القلبي الى المجتمع الدولي حتى يبذل كل جهد ممكن من أجل تعزيز السلام لاسيما في الشرق الأوسط. أنا أوجّه فكرًا خاصًا إلى الشعب اللبناني الحبيب وأصلّي من أجل استقرار البلاد حيث يبقى “رسالة” الاحترام والتعايش في جميع أنحاء المنطقة والعالم بأسره”.
في العام 2007، وفي عهد البابا بندكتس السادس عشر تمّت زيارة لملك سعودي في الفاتيكان للمرّة الأولى “كخطوة جديدة نحو الأمام” بحسب ما وصفها وقتئذٍ الأب لومباردي مدير دار الصحافة الفاتيكانية.

mardi 21 novembre 2017

Crise politique au Liban: entretien avec le cardinal Béchara Raï

Crise politique au Liban: entretien avec le cardinal Béchara Raï

(RV) Entretien- Le Liban attend son Premier ministre démissionnaire. Saad Hariri devrait gagner Beyrouth ce mardi 21 novembre, après un passage au Caire, et assister au défilé militaire prévu mercredi, jour de la fête nationale libanaise.
La démission surprise de Saad Hariri, annoncée depuis l’Arabie saoudite il y a deux semaines, avait plongé le pays du Cèdre dans la stupeur et l’incertitude, et ouvert une crise politique majeure ; son séjour prolongé à Riyad avait également suscité de sérieuses interrogations et alimenté les rumeurs d’une possible détention par les autorités saoudiennes.
Saad Hariri rentre finalement au pays, mais force est de constater que les zones d’ombre qui entourent sa démission sont nombreuses, et les Libanais attendent de leur Premier ministre qu’il les éclaircisse au plus vite. Il va sans dire donc que la rencontre prévue avec le président Michel Aoun, au cours que laquelle cette démission devrait être officialisée en bonne et due forme, sera scrutée de près.
La semaine dernière, une autre entrevue avait suscité l’intérêt : celle de Saad Hariri avec le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des maronites, en visite officielle de 24 heures en Arabie saoudite ; cette visite officielle, la première d’un chef catholique dans le royaume wahhabite, visait à promouvoir un dialogue islamo-chrétien apaisé. Eu égard au contexte particulier, le patriarche a également pu évoquer la situation politique au pays du Cèdre avec ses hôtes saoudiens.
C’est justement cette visite, et la crise politique actuelle que le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des maronites, a accepté d’évoquer avec nous. Interrogé par Manuella Affejee, il revient en outre sur l’appel pour le Liban lancé par le Pape François, lors de l’Angélus dimanche 19 novembre :

Riyad: Après la visite du cardinal Raï, un Centre pour le dialogue interreligieux ?
16.11.2017 par Jacques Berset, cath.ch
L’Arabie saoudite, où la liberté religieuse est totalement inexistante pour les non musulmans ou ceux qui n’adoptent pas un islam sunnite rigoriste, pourrait autoriser l’ouverture d’un “Centre international permanent pour le dialogue interreligieux”. Il serait installé sur le site d’une église antique, rapporte l’agence d’information vaticane Fides.
Une église historique restaurée
Le tapis rouge déroulé pour le patriarche maronite
Consolidation de la tolérance

Cette première historique, dans un pays qui suit l’interprétation wahhabite strictede l’islam sunnite et de la loi islamique, serait le fruit de la visite du cardinal libanais Béchara Boutros Raï. Le patriarche d’Antioche des maronites s’est rendu pour la première fois les 13 et 14 novembre 2017 dans la “grande mosquée” (c’est ainsi que se définit le pays, qui abrite les deux premiers lieux saints de l’islam – La Mecque et Médine).
L’un des fruits concrets de cette “brève mais importante visite accomplie en Arabie saoudite” du patriarche Raï pourrait être l’autorisation, accordée par la monarchie saoudienne, de créer sur le territoire du royaume un Centre international permanent pour le dialogue interreligieux, rapporte Fides le 15 novembre 2017. L’agence d’information romaine se réfère à des sources libanaises non confirmées. Ce Centre pourrait être accueilli sur le site d’une église chrétienne vieille de 900 ans, redécouverte, qui serait totalement restaurée dans ce but.
Le royaume d’Arabie saoudite a témoigné tout au long de la visite du cardinal Raï de son intention d’établir un nouveau dialogue avec les différentes communautés religieuses. Un comité de coordination du même type que ce centre interreligieux avait déjà été évoqué lors de la rencontre informelle au Vatican de Mohammed al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, avec le pape François, le 20 septembre 2017. Lors de cette entrevue, tous deux avaient échangé sur la paix, l’harmonie mondiale, et la coopération dans les domaines de la coexistence.
Le 15 novembre 2017, la visite du patriarche Raï à Riyad, désigné par la presse saoudienne comme “le chef de l’Eglise libanaise”, a fait la une des quotidiens saoudiens. C’est la première visite d’un chef religieux chrétien dans l’histoire du royaume. Les médias largement contrôlés par la famille royale l’ont montré dans ses habits liturgiques, avec sa grande croix pectorale dorée. “Le tapis rouge déroulé pour le patriarche maronite à Riyad”, peut-on lire sur le site www.arabnews.com.
La photo qui fait la une de quasiment tous les quotidiens à gros tirage d’Arabie est celle où l’on voit Mgr Raï en pleine discussion avec le roi d’Arabie, et assis à sa droite Mgr Boulos Matar, la croix dorée bien en évidence. Al-Hayat – dans son édition saoudienne –, al-Yaum, ash-Sharq al-Awsat et Arab News ont donc tous opté pour cette même photo en première page.
Seuls al-Riyad et Okaz ainsi que Saudi Gazette ont choisi de placer en une la photo du cardinal Béchara Raï et du roi Salmane, debout en train de se serrer la main. Dans cette photo, aucun insigne religieux ostentatoire n’est décelable.
Riyad Le cardinal Béchara Raï et le roi Salmane (Photo: Saudi Gazette )
Okaz relève que, durant la “visite historique” au palais d’al-Yamama à Riyad, les interlocuteurs ont abordé la question de “l’importance des religions et des cultures dans la consolidation de la tolérance, le rejet de la violence, de l’extrémisme et du terrorisme”. Arab News “politise” l’événement en affirmant que “le patriarche soutient Hariri quant à l’ingérence iranienne au Liban”. (cath.ch/fides/orj/be)

Ismaël contre Israël Le conflit israélo-arabe depuis ses origines

 le par Patrice Sabater
Ismaël contre Israël
Le conflit israélo-arabe depuis ses origines

La diversité et la complexité des situations au Proche-Orient, et tout particulièrement en Israël, ramènent sans cesse à la question de ce conflit qui ne trouve pas d’issue. La « question palestinienne », et plus récemment le conflit israélo-palestinien, pose de façon récurrente la problématique de « la terre » pour ces deux peuples et ces trois religions. La question ne date pas d’hier. Pour comprendre cet « Orient (si) compliqué » ne faudrait-il pas croiser ces niveaux de lectures pour répondre à cette question ?

Esther BENFREDJ s’y attache en présentant un opus solidement documenté. Une para-critique abondante, des cartes, un glossaire permettent au lecteur de se situer dans le temps et dans l’espace.

L’auteur qui vit au Canada depuis quelques années s’adresse tout particulièrement aux Québécois souverainistes en regrettant leurs prises de position en faveur des Palestiniens, et en critiquant donc la politique intérieure de l’Etat d’Israël. La comparaison et les proximités qui semblent sous tendre sont sans doute un peu hardies ! Le titre du livre porte en lui-même une question, voire une interrogation fondamentale : dans le conflit israélo-palestinien, est-on devant un affrontement bipolaire entre deux peuples ? Entre deux religions ? Le titre semble conférer ce conflit à la seule réalité religieuse entre musulmans et juifs. Le conflit israélo-palestinien est certes bien ancré dans une dimension binaire inconciliable aujourd’hui... Il existe, faut-il le répéter, un troisième acteur permanent dans le conflit,  qui est à percevoir comme un véritable partenaire : le chrétien. Ce conflit pose de façon récurrente la problématique de l’appartenance à une terre pour deux peuples et pour trois religions ! On ne saurait enfermer ce conflit dans une dualité et la seule référence à deux religions. On ne peut considérer le chrétien dehors du Peuple palestinien, mais on ne peut pas non plus l’inclure comme adhérant à la foi musulmane ! Alors, où est donc sa place ? Cette place si singulière ?

L’ouvrage si argumenté soit-il n’offre pas une lecture neutre des faits mais adopte une position bienveillante à l’égard d’Israël. La préface signée de Shmuel TRIGANO adopte la même pente en enfonçant le clou là où se situe le débat depuis 1948. Nous sommes ici dans la posture. Selon l’universitaire de Nanterre, cet ouvrage « constitue de façon objective la généalogie du conflit au Proche-Orient ». Les termes employés dans les premières phrases de la préface sont forts. Il s’agira, ici, de « redécouvrir (dit-il) cette histoire (qui) malmène dans ses tréfonds les conventions ».

Le livre ne manque pas de pertinence. Il souligne, assurément, des vérités incontournables qu’il est nécessaire de prendre en compte. Néanmoins, on aurait préféré davantage de neutralité ou de distance… pour présenter les faits. Ils sont souvent têtus, et demandent effectivement une bonne part de distanciation. Le dossier est ici, en grande partie, à charge… Esther BENFREDJdénonce la lecture communément admise qu’Israël est « étranger » à cette « arabe ». Cela relèverait, selon elle, du mythe. Comment alors comprendre que ces mythes fondateurs puissent être décisifs dans la recomposition d’un paysage politique ? Comment lire les imaginaires qui sont attachés à cette Terre ? Selon l’auteur, les fondateurs de l’Etat d’Israël ne sont pas venus spolier les propriétaires palestiniens, et encore moins un Etat arabo-palestinien légitimement constitué. Israël serait-il alors ce lieu « donné » par l’Occident à tous ces juifs marqués par la Shoah comme manifestation d’un regret ou de remords pour ne pas avoir parlé, pour ne pas avoir su les protéger et les défendre ? La Création de l’Etat d’Israël, sous couvert de promesses des uns et des autres et de la volonté de mettre en exergue un mythe national juif, est-elle une réponse à Auschwitz ? Cette tragédie instrumentalisée solde-t-elle les comptes du deuxième conflit mondial ? La percée de l’idéologie sioniste fait éclore le nationalisme palestinien et le besoin de relire son Histoire marquée par le drame de la Nakba (1948). Le sionisme de Théodore Herzl infligerait-il à l’Occident l’obligation de se constituer à la fois témoin, protagoniste fautif et coupable de ce qui s’est passé entre les deux grandes guerres mondiales ? Et une fois encore, Shmuel TRIGANO vient marquer de son autorité que « l’Etat d’Israël est aussi « ancien » que les Etats arabes. Il est né de la même tourmente, de la même histoire, aussi légitime et légal qu’eux, peuple en majorité par des Juifs originaires de ce monde-là, qui s’y sont regroupés dans le cadre d’un grand échange de population… ». Et de dire encore : « Quand on voit, par exemple, dans la création de l’Etat d’Israël une forme de compensation de la Shoah (que l’Occident aurait injustement fait « payer » à des Palestiniens innocents), on méconnait l’histoire juive et, en l’occurrence, l’histoire de monde arabo-musulman (où vivait la majorité de la population du nouvel Etat d’Israël) qui, par ailleurs, ne ressemble en rien à la version « post-colonialiste » complaisante que l’on voudrait accrédite  occidentaleQuand on ne se focalise plus sur la perspective occidentale, l’état des choses originel s’impose… ».

Le conflit israélo-palestinien ne fait que raviver cette quête de sens, cette volonté de demeurer là où l’Histoire ou les histoires ont mis chacun d’entre eux, juifs ou palestiniens.

Cet essai ne peut laisser le lecteur insensible. Sa lecture sera facilitée si l’on tient pour vraie et définitive la thèse proposée ici. Dans le cas contraire, il nourrira sans doute plus de crispation. Chacun au terme de ces 251 pages se fera une idée du fondé de ce qui est proposé par l’auteur. La discussion est irrémédiablement ouverte…

Patrice Sabater, cm
Novembre 2017


Esther BENFREDJIsmaël contre Israël. Le conflit israélo-arabe depuis ses originesEd. DDB, Paris 2017. 251 pages. 18,90 €
http://www.chretiensdorient.com/2017/11/recension-du-livre-ismael-contre-israel-le-conflit-israelo-arabe-depuis-ses-origines-editions-ddb.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_push

lundi 20 novembre 2017

LIBAN - Appui des chefs des Eglises présentes au Liban au Chef de l’Etat

LIBAN - Appui des chefs des Eglises présentes au Liban au Chef de l’Etat
 
Beyrouth (Agence Fides) – Dans le cadre du délicat moment politique que traverse le Liban après la démission annoncée du Premier Ministre, Saad Hariri, en date du 4 novembre, alors qu’il se trouvait en Arabie Saoudite (voir Fides 04, 06, 09 et 10/11/2017), les chefs des Eglises chrétiennes présentes au Liban continuent à fournir des signaux explicites de soutien au Président Michel Aoun, en sa qualité de garant de l’unité nationale, mise à l’épreuve par de nouveaux vents de crise. Ces jours derniers, le Patriarche d’Antioche des syro catholiques, S.B. Ignace Youssef III Younan, a rendu public un message d’appui et de solidarité au Chef de l’Etat libanais, dans lequel il a également exprimé sa satisfaction pour la sagesse et la compétence démontrées par le Président face à une crise qui pouvait mener de nouveau la nation au bord du gouffre. Les initiatives du Président Aoun – a souligné le Patriarche dans son message – ont « protégé la solidarité nationale et empêché que la Patrie ne glisse vers un destin inconnu », fondant sur un authentique principe de citoyenneté la sauvegarde de la paix civile. « Il est bien connu – indique à l’Agence Fides le Père Rouphael Zgheib, prêtre maronite et Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires au Liban – que le Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Bechara Boutros Rai, avant de partir pour son important voyage en Arabie Saoudite, où il a ensuite rencontré également le Premier Ministre, S. Hariri, a rendu visite au Président Aoun pour se confronter avec lui et montrer sa concordance de vues avec la plus haute charge de l’Etat. On perçoit clairement que le Patriarche d’Antioche des Maronites appuie le Président Aoun dans cette crise. Cependant, cet appui, en cette phase, arrive de tout le pays, des chrétiens comme des musulmans : ils appuient le Président et estiment que sa position sage a épargné de nombreux problèmes au Liban. Le Général Michel Aoun n’a jamais accepté la démission annoncé du Premier Ministre, S. Hariri, lequel a déclaré son intention de revenir au Liban mercredi prochain.
Ces jours derniers, même les résultats d’un sondage réalisé en août – soit bien avant la phase critique ayant culminé au travers de la démission annoncée du Premier Ministre – présentés sur le site Internet du Washington Institute for Near East Policy par l’analyste David Pollock avaient attesté que près de la moitié des chrétiens libanais se reconnaissaient pleinement dans la ligne politique du Président maronite Michel Aoun et dans son attitude consistant à considérer le parti chiite Hezbollah comme un partenaire et un « acteur positif » sur le scénario libanais au cours de cette phase de l’histoire du pays. (GV) (Agence Fides 20/11/2017)

L’Institut du monde arabe raconte l’histoire agitée des chrétiens d’Orient

ParisL’IMA chahute les esprits en présentant une exposition éclairante, à la fois historique, culturelle et cultuelle

Image: DR/COURTESY DE L’ARTISTE/IMA

Ils sont Arabes, mais ils sont aussi chrétiens, et leurs jours sont peut-être comptés. Au début du XXe siècle, les croyants en Jésus Christ installés de l’Euphrate au Nil formaient 20% de la population du Moyen-Orient. Ils en constituent aujourd’hui 3%, pas plus. Leur répartition est bien sûr inégale: si le Liban compte plus de 35% de fidèles de Jésus et l’Égypte 9%, la Syrie et la Jordanie en dénombrent entre 2,5 et 6%, la Terre Sainte (Israël et Palestine) et l’Irak, moins de 2,5%. Partout, l’hémorragie n’est pas près de tarir et l’ampleur de leur fuite loin de leurs terres d’origine préoccupe historiens, théologiens et démographes, même si dire que c’est alarmant n’est pas toujours bien reçu.
Il fallait donc une certaine dose de courage à l’Institut du monde arabe (IMA) de Paris pour monter sa grande exposition actuelle, Chrétiens d’Orient. 2000 ans d’histoire, dont le succès ne faiblit pas depuis l’ouverture. Jack Lang, dans la préface du catalogue, rappelle qu’«en ces temps de feu et de sang, le très vieux peuple des Arabes chrétiens fut l’un des acteurs de la modernité de cet oublieux berceau au sein duquel il peine aujourd’hui à conserver sa place».
Fait remarquable, la manifestation aborde tous les aspects de la problématique du christianisme oriental: historique, culturelle et cultuelle. 330 objets sont répartis en quatre parties. La première aborde la naissance et le développement de la foi chrétienne en Orient, du Ier au VIe siècle. On voit qu’en 200 ans, elle fuse comme l’encre sur la soie et gagne tout le pourtour méditerranéen. L’Égypte et la Syrie sont les plus acquises à ce culte débutant. En 303, sous l’empereur Dioclétien, les persécutions atteignent leur paroxysme. Loin de décourager les fidèles, elles renforcent encore leur croyance à travers le culte des martyrs. Dès 313, Constantin décide qu’il n’y aura plus, dans tout l’Empire romain, qu’une seule religion, le christianisme.
Pour l’anecdote, figure dans cette section de l’exposition une ravissante intaille de jaspe héliotrope d’époque romaine, réutilisée sous Byzance et portant un décor gravé, qui a été prêtée à l’IMA par le Musée d’art et d’histoire. Le MAH a fourni notamment une amulette égyptienne d’époque copte en verre vert et une main votive tenant une croix en bronze, ainsi qu’une coupe byzantine en argent martelé.
La 2e partie de l’exposition traite du devenir des Églises orientales après la conquête arabe, entre le VIIe et le XIVe siècles. Sous le couvert de leur statut dhimmis (protégés), les chrétiens conservent pouvoir, richesse et influence, même si leur nombre commence à décroître.
Les Églises orientales entre Orient et Occident font l’objet de la 3e partie. Les fidèles du Christ prospèrent grâce à l’unification de la Méditerranée sous le manteau ottoman. Pèlerinages et échanges commerciaux avec les ports européens enrichissent melkites, maronites et Arméniens. L’histoire de l’art brille du renouveau de l’icône. Une lettre étonnante de Soliman le Magnifique à François Ier figure dans l’exposition; elle accorde, en 1528, protection aux chrétiens. La 4e partie passe en revue renoncements, exils et massacres: en Syrie, en 1860; en 1915, c’est le génocide des Arméniens par les Turcs. Elle raconte la difficulté d’être chrétien dans le monde arabe d’aujourd’hui. Des artistes photographes expriment en images la diversité de leur quotidien. Une exposition remarquable à voir et à méditer.
«Chrétiens d’Orient. 2000 ans d’histoire», Institut du monde arabe, Élodie Bouffard et Raphaëlle Ziadé commissaires, jusqu’au 14 janvier 2018. Infos: www.imarabe.org (TDG)

Créé: 19.11.2017, 15h23
https://www.tdg.ch/culture/L-Institut-du-monde-arabe-raconte-lhistoire-agitee-des-chretiens-dOrient/story/15824248